MEILLEUR JOB DU MONDE (LE)
Le cobaye

Sélectionné pour assurer la gestion temporaire d’une propriété située sur l’île tropicale Carpenter, Doug Ellis a vite déchanté. Ayant découvert que le propriétaire des lieux, Franz Mason, est un ancien nazi sanguinaire, le jeune homme a fini par être kidnappé par une équipe de sinistres personnages qui l’ont entraîné sur un autre îlot à proximité. Après avoir été endormi, Doug se réveille dans un lit face à un médecin qui lui apprend froidement avoir commencé à prélever plusieurs parties de son corps pour soigner celui qu’il appelle son maître. Pendant ce temps, à l’office du tourisme du Queensland, le silence de Doug et la disparition de Will inquiètent sérieusement Liz qui en réfère à la police. Tandis que celle-ci lance un avis de recherche et se lance dans une opération policière d’envergure sur l’île, le père de Doug engage un détective pour mener des investigations parallèles. Les chances de retrouver vivant le jeune homme, transformé en cobaye après un stratagème sombrement exécuté, s’amenuisent d’heure en heure.

Par phibes, le 22 janvier 2015

Publicité

Notre avis sur MEILLEUR JOB DU MONDE (LE) #3 – Le cobaye

Christophe Bec fait partie de ses artistes qui aiment volontairement jouer avec la sensibilité de leur lectorat. Il suffit pour cela de puiser dans sa bibliographie pour s’en persuader, grâce à des titres de séries comme Pandemonium, Carthago, Deepwater, Prométhée… Avec Le meilleur job du monde, l’artiste n’échappe pas à la règle puisque, depuis son ouverture, l’aventure paradisiaque à laquelle son personnage principal, Doug Ellis, aspirait, trouve une connotation de plus en plus cauchemardesque. Evidemment, le présent tome, dernier de la saga, n’est pas là pour le contredire.

Par le fait que le précédent opus nous abandonnait sur une vision choc, la suite des vicissitudes de Doug était évidemment attendue. C’est donc chose faite avec Le cobaye qui remet le personnage principal dans une situation des plus critiques, face à une machination pour le moins morbide. Christophe Bec vient ici dévoiler intégralement les intentions horrifiques des détracteurs du pauvre Doug tout en installant une course contre la montre pour sa sauvegarde.

Cette troisième partie, si elle ne manque pas de scènes chocs, entretient une angoisse permanente, une sensation à la limite étouffante, remarquablement soupesée par le scénariste. Bien que l’on puisse, quelque part, se poser la question du choix d’une telle opération aussi tapageuse par le sinistre Franz Mason (certes inspirée du concours réel australien) pour arriver à ses fins, cette fin d’équipée n’élude ni efficacité, ni sensations. La mécanique scénaristique est bien huilée. Elle met en exergue des situations remuantes qui éclairent tantôt sur la folie meurtrière nazie dans un jeu froid et imparable, tantôt sur l’état inquiétant de Doug, tantôt sur les recherches policières qui semblent ne pas aller assez vite, et nous conduit inexorablement dans des accents dramatiques et fantastiques vers un final comme sait les gérer l’auteur, toujours aussi interpellant.

Il va de soi que la partie graphique, de par son côté réaliste, reste dans une évocation qui sied tout particulièrement à l’histoire. Rafa Fonteriz joue avec l’horreur et le fait avec brio, dans des intonations sanguinolentes bien pesées. Son trait est toujours aussi fluide, sans bavure et d’une clarté très profitable.

Une fin de trilogie à sensations, éprouvante et frissonnante menée très correctement par deux artistes au talent avéré.

Par Phibes, le 22 janvier 2015

Publicité