Mémoires d'élèves, souvenirs de maîtres
Treize lettres illustrées, ou plutôt quinze… Des textes qui évoquent l’école d’avant, les souvenirs d’une maîtresse, d’un maître, de la peur, de la gentillesse, de la camaraderie, des moments heureux comme des pires instants d’une jeune vie. Ils sont venus se rassembler à côté de ces fragments de mémoires, Olivier Dutto, Maël, Estelle Weyrand, Maw Cabanes, Sylvain Savoia, Bengal, Phicil, Drac, Marie Terray, Jean-Paul Krassinsky, Nicolas Sure, Antoine Carrion, Nathalie Ferlut, Bruno Marchant, Aurélie Grand, Benjamin Bachelier et Jean-Pierre Guéno…
Par fredgri, le 26 novembre 2013
Notre avis sur Mémoires d’élèves, souvenirs de maîtres
On se souvient tous de cette période ou l’on se rendait à l’école, pour retrouver les copains, pour s’asseoir et suivre les cours. Des visages nous reviennent, un nom ou deux, puis des punitions, des mots griffonnés dans le carnet, avec colère, pour les parents… Peut-être garde-t on une certaine rancune, quelque chose qui s’est glissé profondément en nous, qui a parfois gonflé… Dans le geste d’un ami, la parole d’un inconnu dans le bus on se remémore alors tout un pan de nos souvenirs. On aurait envie alors de remercier Madame Martin pour ce qu’elle nous a apporté, pour ses attentions, on voudrait crier au visage de monsieur Philippe cette amertume qui nous vrillait le ventre en sortant de la classe, qu’on ai été heureux ou non…
Les auteurs des textes rendent donc un hommage à cette mémoire, à ces moments révolus en soulevant chacun une facette de cette école qui les a forgé. Qu’il s’agisse d’évoquer les attentions d’une maîtresse, le charme d’un professeur ou la violence dont certain pouvaient faire preuve, les portraits qui se dessinent devant nous laissent surtout transparaître l’impact que ces années d’écoles ont sur les vies d’adultes de ces élèves.
On a le privilège de lire les textes originaux choisis, avant d’avancer dans les adaptations en planche.
Et ces textes sont globalement magnifiques, d’une très grande subtilité, même les plus âpres, ceux qui abordent les sujets les plus durs, comme l’humiliation, le viol ou l’injustice… On entre dans ces témoignages par la petite porte de la confession, par celle ou se glisse une déclaration, une accusation murement digérée ou même simplement un petit salut lointain ! Les artistes se réapproprient ensuite ces textes pour y rajouter des visages, une couleur, avec toujours autant de justesse.
Je traîne sur les pages de Cabanes, sur celles de Estelle Meyrand, de Marie Terray, je suis touché par ce qui s’immisce au travers de celles de Phicil, de Carrion, de Nicolas Sure… L’album se déploie, enthousiaste ou régleur de compte, il ne laisse néanmoins pas indifférent…
On le referme en se remémorant nous aussi ces odeurs de craie, ce petit plis dans une jupe à carreau ou ce regard attentionné par dessus une paire de lunette… Dans le meilleur des cas on soupire en souriant… Toujours est-il que ces paroles d’école résonnent comme des cris d’enfants dans une cour de récré enveloppés de mille et unes impressions fugaces, d’une silhouettes ou deux, dans l’encadrement d’une porte.
Extrêmement conseillé !
Par FredGri, le 26 novembre 2013