Mémoires du temps de l'URSS
Pour avoir séjourné à plusieurs reprises en Ukraine et en Russie, totalisant là-bas plus d’une année entière, l’auteur Igort a sans doute mieux cerné que n’importe quel touriste de passage les gens qu’il y a côtoyés et a ainsi pu mesurer combien le passé de leur pays avait pu marquer certaines destinées. Dans cet ouvrage consacré à cette période sombre de l’histoire de l’Ukraine, Igort donne la parole à des personnes âgées ayant vécu, enfants, la grande famine de 1932…
Par sylvestre, le 10 juin 2010
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Scénariste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782754802666
Notre avis sur Mémoires du temps de l’URSS
C’était en Ukraine, en 1932 et en 1933. L’Holodomor… Un nom aux consonances "fantasy" qui n’évoque pas grand-chose pour bien des gens, chez nous. Et pourtant, l’Holodomor, famine orchestrée par Staline et ses sbires, a conduit à la mort des millions de personnes alors qu’elles vivaient dans cette république dont on disait qu’elle était le grenier de l’Europe…
1932, c’était hier. Des personnes ayant vécu cette période existent donc toujours. Et c’est à leur recherche que s’est mis Igort, dans la région de Dniepropetrovsk, à la manière d’un Joe Sacco, interrogeant des personnes concernées et recueillant leurs témoignages pour qu’à notre tour, nous puissions entendre leurs histoires. Il y est question de famine, d’enfances malheureuses, de pauvreté, de malchance… Il y est question aussi de politique et de soumission, de la perte de la maîtrise de son destin…
L’ouvrage commence comme un carnet de voyage, mais rapidement, les chapitres se distinguent les uns des autres, faisant alterner ces fameux témoignages et des généralités sur l’Ukraine stalinienne qui nous apportent des précisions sur le contexte. Avec une palette de couleurs ternes, en bandes dessinées, avec des reproductions et des textes, Igort nous éduque. Il met à notre portée ce que l’on n’apprend pas en cours d’Histoire, en France ; en tout cas pas à ce niveau de détail, pas à cette échelle de l’être humain qui, en l’occurrence, a subi, fut la victime et en parle lui-même aujourd’hui grâce à l’auteur.
Cette lecture s’avère d’un grand intérêt, forcément. On est touché par les histoires de Maria, de Serafima et par celles des deux Nikolaï… Mais si on reste au final tout autant étranger à cette lointaine Ukraine des années 30, on a appris, lors de cette lecture, on a découvert et on a compris des choses. Or, mieux connaître l’Autre et son Histoire, n’est-ce pas déjà faire un pas vers la compréhension et donc vers un monde meilleur ? Merci alors à Igort de nous en avoir fait faire un, côté Ukraine, avant celui qu’il nous invitera à faire dans le second volet de ce diptyque des Mémoires du temps de l’URSS, côté russe…
Un excellent ouvrage, aux éditions Futuropolis.
Par Sylvestre, le 10 juin 2010