Meschugge, le labyrinthe du fou

Nous sommes en 1905, à Copenhague. Des meurtres crapuleux viennent défrayer la chronique dans le ghetto, des prostitués se font massacrer, avec un étrange signe gravé sur le front. Nathansen, une jeune dactylo juive est alors recrutée par le magistrat Kingo pour enquêter auprès de sa communauté et obtenir des renseignements qui pourraient permettre à l’enquête d’avancer. Progressivement, elle arrive à déterminer que les signes sur le front des victimes correspondraient aux Sephiroth de l’Arbre de vie dans la cabale juive… Mais en parallèle, elle découvre aussi que la police est profondément corrompue et qu’elle préfèrerait que la jeune fille ne pousse pas trop loin son enquête…

Par fredgri, le 17 septembre 2023

Publicité

Toute la BD, que de la BD !

Notre avis sur Meschugge, le labyrinthe du fou

Venus du Nord, Benni Bodker et Christian Hojgaard nous proposent cet excellent polar qui louche sur les « exploits » de Jack l’éventreur, avec une touche de cabale juive, dans les pas d’une jeune et jolie dactylo qui doit enquêter en plein ghetto de Copenhague pour attraper un mystérieux tueur de prostitués. Nous sommes en 1905, les esprits sont encore plus étriqués qu’aujourd’hui et Nathan (diminutif de Nathansen) doit non seulement se faire accepter de sa propre communauté, mais aussi réussir à se faire entendre de son patron qui, comme une grosse partie de la population, considère les juifs comme une engeance inférieure, plus gênante qu’autre chose.

Ainsi, non seulement le scénario nous propose un polar extrêmement bien ficelé, dans les rues danoises qui font penser au Londres du début du XXe siècle, mais en plus il nous offre le portrait d’une société qui se divise, embourbée dans les préjugés, dans la corruption et les inégalités. D’où l’intérêt de mettre au centre de l’intrigue, une jeune femme qui cumule un peu tout ça, victime d’un univers très codifié, majoritairement phallocrate et conservateur.
Néanmoins, les points de connexion avec le célèbre tueur de Whitechapel sont nombreux et il est parfois difficile de s’y retrouver au milieu des références hiératiques et toute la symbolique cabalistique qui se dévoilent au fur et à mesure, sans pour autant que cela ne gêne la lecture.

Il en ressort un album absolument captivant, magnifiquement servi par le très beau dessin, tout en expression, de Christian Hojgaard. Les planches sont très fluides, avec une narration très agréable. Du très beau travail.

Un album qui va peut-être passer inaperçu et ça serait bien dommage, car il nous réserve un excellent moment de lecture.

Vivement conseillé.

Par FredGri, le 16 septembre 2023

Publicité