MÉTAL HURLANT (NOUVELLE SÉRIE)
Le futur c'est déjà demain

Voilà ! La news circulait depuis quelques mois, on savait qu’une nouvelle équipe éditoriale se constituait autour de Vincent Bernière (déjà à l’initiative de la relance des Cahiers de la BD, entre autre) pour ramener la mythique revue Metal Hurlant à la vie !
Le pari est audacieux, les temps ont changé depuis les années 70, les lecteurs aussi. Toutefois, il semblerait qu’au fil des décennies, Metal ai aussi perdu son côté Rock’n roll pour se parer d’une pellicule plus… "cérébrale", dirons-nous ! Ainsi, au contraire de que la rédaction affirme, la revue ne s’adresse plus réellement à tous ceux qui pouvaient encore glisser avec jubilation dans les délires de Druillet, Moébius ou même Chaland !

Toutefois, on sent aussi qu’il s’agit là d’un premier numéro, qui tâtonne, qui pose des bases, peut-être que la formule se nuancera ensuite !
Pour ce qui est des détails, on a droit à 60 premières pages assez denses, constituées de rédactionnels, autour du thème "Le futur, c’est déjà demain", qui redéfinissent ce qu’est le futur dans la science fiction, son rapport au cinéma, à la littérature, à l’avenir de notre planète. C’est intéressant, peut-être parfois un peu sentencieux et pompeux, mais je trouve l’ensemble vraiment pertinent. En contre partie, cette première partie, qui n’est pas aérée avec des planches, par exemple, peut vraiment rebuter les plus hésitants… Pourquoi avoir dressé un tel bloc de mot dès le départ ? Ou toute trace de détente est exclue ! La première image de Metal qui se présente alors est bassement intellectualisante, sans chichis… C’est un choix, une direction éditoriale, pourquoi pas, mais de par son ampleur (300 pages) et son prix (20€) elle se coupe déjà d’un public trop populaire !

Ceci dit, les 220 pages et quelques qui suivent, 22 récits en bande dessinée, rétablissent la balance et nous présentent des ambiances extrêmement variées et des identités graphiques aux antipodes les unes des autres !
Comme on peut s’y attendre avec ce genre de revue collective, et suivant les gouts des uns et des autres, on y trouve de très bonnes planches et d’autres moins "réussies". Personnellement, j’ai vraiment beaucoup aimé "Premiers de cordée" de Mathieu Bablet, "Pet Play" de Diego Agrimbau et Lucas Varela, "Un futur différent" de Sylvain Runberg et Ingo Römling, "La vie quotidienne" de Matt Fraction et Afif Khaled, "Replica.I" de Mark Waid et Julien Perron, "Clean and Clear" de Brian M. Bendis et Jacob Edgar, "Snapshots" de Xavier Mauméjean et Jaouen Salaün, "Delete" de Sergio Salma et Carole Maurel et "Le roi nu" de Fabien Vehlmann et Alfred !
Des univers très variés, qui explore les possibilité d’un futur proche ou l’humanité évolue, par forcément pour son bien ! On y parle donc de manipulation de la mémoire, de robots, de l’homme augmenté, de tout ce qui peut nous interpeler sur la technologie et ce qui se dessine pour le monde qui nous entoure !

Le ton est donc très nettement plus cérébral, plus concerné et cette volonté d’inscrire chaque numéro dans une thématique précise montre bien que dorénavant il ne sera plus question de s’éparpiller. Malgré tout, l’équipe prévoit d’alterner les numéros avec du matériel original comme ici et des numéros "patrimoniaux" qui reprendront d’anciennes histoires des débuts de Metal. On verra si la comparaison aidera à mieux appréhender l’approche actuelle !

Une relance qui pose des questions, qui surprend et qui donne envie de suivre les premiers numéros…

Par FredGri, le 16 octobre 2021