Mia

Mia est une jeune fille souffrant d’anorexie. Elle tempère ce mal qui la ronge en compulsant des livres à la bibliothèque de l’université. C’est en ces lieux qu’elle a remarqué Dany, un fils de famille aisée, pour lequel son cœur balance et à qui elle a décidé de parler. Malheureusement, au moment d’engager la conversation, ils sont enlevés par deux grosses brutes, à l’inaction générale. Cette détention forcée va être l’occasion pour Mia de partager son béguin et également ses souffrances inavouées jusqu’alors.

Par phibes, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Mia

Man (pseudo de Manolo Carot) est un jeune auteur espagnol faisant preuve d’une grande polyvalence en produisant en solo ce one-shot. Edité en premier lieu par les Editions Glénat d’Espagne sous le même intitulé, il fait l’objet de cette publication en français par le groupe Dargaud dans un format inhabituel.

Sur fonds de thriller, Man fait un zoom sur le désespoir d’une jeune fille apparemment normale qui se doit de subir à l’insu de son entourage ses troubles physiologiques. Si le contexte policier n’est pas forcément un modèle du genre (les inspecteurs n’ont aucun charisme et l’enquête manque de profondeur), l’étude psychologique de Mia présente quelque intérêt. En effet, on perçoit, au travers du long monologue des premières pages, que la petite rouquine nage en plein désarroi par rapport à cette accoutumance dont elle s’est faite par obligation l’amie. On comprend que sa façon de vivre ou mal-vivre l’a obligé à s’isoler au point qu’il n’y a que Dixi, son chien, qui semble prendre conscience de sa personne. Dany est donc celui qui, d’une certaine façon, va lui permettre de sortir de sa morosité en le côtoyant pendant leur séquestration.

La lettre de Mia, en fin d’album, vient donner un peu plus de profondeur au récit par un complément d’informations sur sa maladie et sa manière de vivre avec elle. Agrémentée de superbes croquis, elle expose ses sentiments de désespoir mais aussi sa résignation.

Plutôt qu’emplir à outrance ses vignettes de bulles de dialogue surdimensionnées, Man préfère jouer intelligemment avec les expressions. Dans un style proche du manga, il parvient à faire passer les messages par les regards prononcés de ses personnages. Ainsi, le vert intense des yeux de Mia associé au gris délavé de Dany expriment clairement leurs pensées. Par ailleurs, les plans distordus (en plongée ou contre-plongée) traduisent un gros effort dans la recherche d’esthétisme. Confortés par des couleurs assez froides réalisées par ordinateur, on conviendra que le résultat ne manque pas de relief.

Non dépourvue de sensibilité, cet ouvrage saura, par sa conception et les émotions qu’il suscite, faire chavirer bon nombre de lecteurs.

Par Phibes, le 25 février 2008

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