Mille femmes blanches
Un train pour la gloire

Mars 1875. May Dodd est enfermée pour « dépravation sexuelle » dans un Institut de santé mentale de Chicago, à la demande de sa famille. Violentée et violée, elle espère un jour retrouver sa liberté, son mari, et ses enfants. Lorsqu’un médecin lui propose d’intégrer un programme gouvernemental visant à épouser un Cheyenne, en échange de cette liberté, elle n’hésite pas un seul instant !

Par v-degache, le 6 septembre 2024

Notre avis sur Mille femmes blanches #1 – Un train pour la gloire

Depuis La pluie des corps, édité par Sandawe en 2017, et la reprise de la série de Laurent Vicomte, Sasmira, c’est toujours un grand plaisir de retrouver la trop rare dessinatrice ardéchoise Anaïs Bernabé pour un nouvel ouvrage ! Et lorsque le dessin expressif et sensuel de l’auteure rencontre un scénario adapté par Lylian de l’œuvre de l’écrivain étatsunien Jim Fergus, on est en droit de se frotter les mains et d’espérer le meilleur !

Mille femmes blanches, initialement sorti en 1998 aux États-Unis, est le premier roman du natif de Chicago, inspiré par des faits historiques. May Dodd se retrouve, en 1875, injustement enfermée par sa famille dans un hôpital psychiatrique où elle subit viols et traitements dégradants, tout en étant séparée de son mari et de ses enfants. Mais l’intrigue prend une toute autre direction lorsque l’on propose à May de partir pour les Grandes plaines afin d’épouser et de donner une descendance à un Cheyenne, en échange de sa liberté. Fergus s’inspire de la rencontre de 1874 entre le président Ulysse S. Grant et le Chef Cheyenne Little Wolf. Ce dernier, inquiet de la disparition de son peuple, présenta cet étonnant échange de 1000 femmes contre 1000 chevaux, troc accepté par les Américains, y voyant une occasion de faciliter l’évangélisation des Indiens et la mainmise sur les mines d’or des Black Hills.

May se retrouve embarquée dans l’aventure avec d’autres pensionnaires d’asiles d’aliénés, des esclaves noires libérées, des prisonnières, loin de sa vie d’avant l’enfermement, et de ses enfants… Le récit va se faire par l’intermédiaire du journal qu’elle tient, destiné à sa sœur. On quitte le huis clos de l’asile pour évoluer au cœur de la wilderness d’un territoire que l’homme blanc cherche à maîtriser, voyant son entreprise ralentie par la présence des peuples amérindiens.

L’exercice de l’adaptation littéraire est réussi ! Le dessin d’A. Bernabé, joliment mis en valeur par la colorisation d’Hugo Poupelin, excelle aussi bien dans les scènes sombres et dures, que dans les passages de pleine nature et la représentation de ces paysages dans lesquels May évolue désormais. La capacité de l’auteure à verser soudainement dans un registre plus onirique ne fait que renforcer l’intérêt pour ce premier tome de Mille femmes blanches. Lylian livre un récit fluide, on peut juste regretter quelques cases un peu trop bavardes, alors que les illustrations d’Anaïs Bernabé semblent parfois suffire.

Ce tome 1 de Mille femmes blanches fait partie des belles surprises de la rentrée littéraire BD, nous plongeant au cœur de l’histoire des États-Unis, tout en dressant un portrait poignant de femme forte.

Prenant et passionnant, vous n’aurez qu’une hâte la dernière page lue : tenir le plus rapidement possible entre vos mains la suite des aventures de May et de ses compagnes d’infortune !

Par V. DEGACHE, le 6 septembre 2024

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