MIRACLEMAN
Book 1: A dream of flying (vo)
(Contient Marvelman (1954) 25, 32 + Warrior 1 à 11 + Marvelman Special 1 + A1 1)
Mike Moran est un journaliste amnésique un brin loser. Au cours d’une prise d’otage, il découvre, en lisant une inscription à l’envers sur une porte, qu’en prononçant le mot "Kimota" il devient Miracleman, un super-héros surpuissant aux pouvoirs illimités !
Dès cette première transformation, il retrouve la mémoire, il se rappelle ses anciennes aventures pour défendre le monde en compagnie de Kid Miracleman et Young Miracleman, il se rappelle ses combats, mais surtout il revoit leur dernière mission, cette bombe qui explose et les corps balayés de ses deux amis. Malgré tout, étrangement ces souvenirs ne collent pas du tout à la réalité telle qu’il la connait…
Maintenant qu’il est de retour, Miracleman veut enfin savoir ce qui se cache derrière toutes ces histoires, d’autant que Kid Miracleman n’est visiblement pas mort et que ses intentions ne sont peut-être pas si louables…
Par fredgri, le 18 mai 2014
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Scénariste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9780785154624
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Notre avis sur MIRACLEMAN #1 – Book 1: A dream of flying (vo)
Ce premier volume de l’ère Marvel rassemble ce qui correspond au premier "livre" de Miracleman, c’est à dire les trois premiers comics parus initialement chez Eclipse (ou bien les épisodes parus dans Warrior 1 à 11), Marvel ayant pris soin de rajouter les pages jusqu’alors inédites, publiées dans les Warrior 4, 9 et 10 et dans A1, mettant en scène notamment les Warpsmith.
Donc, dans ce premier livre, "A dream of flying", Moore nous présente un super-héros semble t-il unique être super puissant, qui découvre que sa vie n’est qu’un énorme rêve manipulé par des savants en quête d’une nouvelle arme !
Moore a écrit cette histoire pour le magazine Warrior en 82 (avec "V for Vendetta"), (le personnage s’appelait alors "Marvelman"), c’est à dire bien avant Swamp thing, Watchmen etc. A cette époque c’est un jeune scénariste plein d’idées qui enchante très vite à la fois la critique et les lecteurs. Quand Dez Skinn, l’éditeur de Warrior, sous les conseils de Gary Leach, lui demande de reprendre en main ce personnage créé dans les années 50 en Angleterre il saute sur l’occasion pour complètement le remodeler, version adulte.
Miracleman est un exemple parfait de révisionnisme, c’est à dire : on reprend un vieux personnage et on le revisite complètement.
Moore peut alors parler pour la première fois du thème de l’héroïsme, avec ses absolus, ses caricatures et ses désenchantements ! Ce héros apparait alors comme l’être parfait, le fantasme ultime, celui qui va permettre à Moran de fuir cette enveloppe humaine qu’il n’aime pas, celui qui va lui donner l’occasion de voir cette lueur dans les yeux de sa femme, cette lueur qu’il ne voyait plus depuis si longtemps ! Mais la question qui se pose en substance c’est "quel est le rôle qu’un personnage de comics pourrait jouer dans le monde réel ? Quels pourraient être les enjeux ?"
Cette histoire se développe dans le temps, Moore ne va écrire que les 16 premiers numéros, ayant emmené son personnage jusqu’au bout, ensuite c’est Neil Gaiman qui continuera l’aventure, mais c’est une autre histoire !
Le dessin est quant à lui, magnifique, qu’il s’agisse du trait ultra précis de Gary Leach ou de celui plus dynamique d’Alan Davis, chaque planche se dévore des yeux ! La réinterprétation de Dillon, alors au début de sa carrière est aussi des plus sympathiques !
Moore adopte une écriture tout en finesse, jouant avec les monologues, les pensées, les voix off etc. Il emmène le lecteur vers un univers très réaliste, noir et désenchanté… Que sont devenus ces héros de notre enfance ? Le constat est néanmoins particulièrement désenchanté, et le futur qui se profile pour la série ne va qu’aller dans ce sens !
Cet album est donc l’occasion enfin de redécouvrir cette série culte complètement ignorée du grand public pendant des décénnies !
Pourquoi "culte" ? Pour plusieurs raisons en fait !
Tout d’abord parce que dés ses débuts les lecteurs ont reconnu là l’une des œuvres marquantes du comics moderne, aussi importante que Watchmen, que Dark Knight… Une oeuvre qui va consacrer Moore à jamais. Les numéros vont très vite devenir introuvables (en plus, Eclipse, l’éditeur qui a repris les épisodes parus dans les Warrior et qui va permettre à Moore de continuer ses idées, est une petite structure qui ne peut plus, rapidement, financer ses parutions et la série devra s’arreter au numéro 24…), les cotations vont s’envoler et du coup la plupart des gens qui en ont entendu parler n’ont certainement même pas lu plus de deux ou trois numéros !
"Culte" aussi parce que c’est l’une des premières pierres fondatrices d’un comics plus mature, plus adulte. Nombre d’artistes n’hésitent pas à citer Miracleman comme l’une de leurs principales influences, de celles qui ont changé leur façon de lire des BD, carrément !
"Culte" surtout, car depuis la "traduction" aux Etats Unis dans les années 80, il y a une véritable guerre de droit d’auteur.
A la base, le personnage est créé en 53 par Mick Anglo pour remplacer Captain Marvel de Fawcett qui venait de cesser de paraitre. Pendant 10 ans il va remporter un certain succès en Angleterre, mais devra lui aussi disparaitre une première fois de la scène anglaise en 63. En 82, Dez Skinn, un transfuge de Marvel UK, lance une nouvelle boite d’édition appelée Quality et plus particulièrement un magazine, Warrior. Pour l’occasion il s’associe avec la crème des jeunes auteurs british du moment, et plus particulièrement Alan Moore ! Skinn se dit alors que comme Marvelman n’est plus paru depuis presque 20 ans il doit être libre de droit, il décide donc de le "revamper" en se réappropriant les droits du personnage dans la foulée, les partageant en parts égales avec les auteurs…
Devant la débâcle d’Eclipse, Moore et Davis vont céder leur part à leurs successeurs Gaiman et Buckingham, puis ce dernier les vend à Mac Farlane, transformant cette affaire en véritable casse-tête juridique qui a vu Gaiman et MacFarlane s’affronter sans merci autour du personnage, et ce pendant presque deux décennies.
Après tout qui avait les droits sur le personnage ?
Il aura fallu l’arrivée de Marvel, au départ comme soutien de Gaiman (il lui ont permis, grâce à quelques projet maison, de payer ses avocats), puis comme partenaire, qui rachète en 2009 les droits originaux du personnage à… Mick Anglo… Réduisant ainsi les magouilles de Mac Farlane à néant et ouvrant alors la voie à de nouvelles publications, d’une part, puis à une éventuelles suite…
Il faudra tout de même attendre ce début 2014 pour enfin voir arriver cette série chez Marvel. Pour l’instant il s’agit "juste" de la reprise des épisodes déjà parus, recolorisés et relettrés (pour le lettrage a-t il été complètement refait ? Mystère), mais on attend avec impatience la fin du dernier arc paru, par Gaiman et Buckingham, et peut-être une suite… On va voir !
Toujours est-il que ça va permettre à Panini de traduire ce volume et donc une nouvelle génération de lecteur vont pouvoir se régaler avec ce comics hors norme !
"Miracleman" est donc une série incroyable, mélant à la fois le réalisme, l’horreur, l’intimisme, mais surtout une réflexion très forte sur ce que devrait être un super-héros moderne !
Ce premier album ne correspond peut-être pas à la meilleure période de cette série, car on est loin de ce qui va suivre, surtout avec la période dessinée par Totleben, mais il permet au moins de bien appréhender les thématiques de la série et ce qui va progressivement se déclencher ! Vivement la suite !
Plus que conseillé !
Par FredGri, le 18 mai 2014