Miracleman

Mike Moran est un journaliste amnésique un brin loser. Au cours d’une prise d’otage il découvre qu’en prononçant le mot « Kimota » il peut devenir Miracleman, un super-héros surpuissant ! Dès cette première transformation, il retrouve la mémoire, il se rappelle ses anciennes aventures pour défendre le monde en compagnie de Kid Miracleman et Young Miracleman, il se rappelle ses combat mais surtout il revoit leur dernières mission, cette bombe qui explose et les corps balayés de ses deux amis.

Maintenant qu’il est de retour, Miracleman veut enfin savoir ce qui se cache derrière toutes ces histoires, d’autant que Kid Miracleman n’est visiblement pas mort et que ses intentions ne sont peut-être pas si louables…

Par fredgri, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Miracleman

Cet album rassemble ce qui correspond au premier « livre » de Miracleman, c’est à dire les trois premiers comics parus chez Eclipse (ou bien les épisodes parus dans Warrior 1 à 11).

Donc, dans ce premier livre, « A dream of flying », Moore nous présente un super-héros semble t il seul être super puissant, qui découvre que sa vie n’est qu’un énorme rêve manipulé par des savants en quête d’une nouvelle arme ! Moore a écrit cette histoire pour le magazine Warrior en 82 (avec « V for Vendetta »), (le personnage s’appelait alors « Marvelman »), c’est à dire bien avant Swamp thing, Watchmen etc. A cette époque c’est un jeune scénariste plein d’idée qui va très vite enchanter à la fois la critique et les lecteurs. Quand on va lui demander de se charger de ce personnage créé dans les années 40 en Angleterre.

Miracleman est un exemple parfait de révisionnisme, c’est à dire : on reprend un vieux personnage et on le revisite complètement.

Moore va alors pouvoir parler pour la première fois du thème de l’héroïsme, avec ses absolus, ses caricatures et ses désenchantements ! Ce héros apparait alors comme l’être parfait, le fantasme ultime, celui qui va permettre à Moran de fuir cette enveloppe humaine qu’il n’aime pas, celui qui va lui donner l’occasion de voir cette lueur dans les yeux de sa femme, cette lueur qu’il ne voyait plus depuis si longtemps ! Mais la question qui se pose en substance c’est « quel est le rôle qu’un personnage de comics pourrait jouer dans le monde réel ? » Cette histoire se développe dans le temps, Moore ne va écrire que les 16 premiers numéros, ayant emmené son personnage jusqu’au bout, ensuite c’est Neil Gaiman qui va continuer l’aventure !

Le dessin est quant à lui, magnifique, qu’il s’agisse du trait ultra précis de Gary Leach ou de celui plus dynamique d’Alan Davis, chaque planche se dévore aussi des yeux !

Moore adopte une écriture tout en finesse, jouant avec les monologues, les pensées, les voix off etc il emmène le lecteur vers un univers très réaliste, noir et désenchanté… Que sont devenus ces héros de notre enfance ?

Cet album est la seule traduction à ce jour de cette série culte complètement ignorée du grand public ! Pourquoi « culte » ? Pour plusieurs raisons en fait ! Tout d’abord parce que dés ses débuts les lecteurs ont reconnu là l’une des oeuvres marquantes du comics moderne, une oeuvre qui va consacrer Moore à jamais, les numéros vont très vite devenir introuvables (en plus, son éditeur est une petite structure, il ne pourra plus financer ses parutions et la série devra s’arreter au numéro 24…), les cotations vont s’envoler et du coup la plupart des gens qui en ont entendu parler n’ont certainement même pas lu plus de deux ou trois numéros ! « Culte » aussi parce que c’est l’une des premières pierres vers un comics plus mature, plus adulte, nombre d’artistes n’hésitent pas à nommer Miracleman comme l’une de leur principale influence ! « Culte » parce que depuis la « traduction » aux Etats Unis, il y a une véritable guerre de droit d’auteur, Moore et Davis ont fini par céder leur part à Gaiman et Buckingham, puis ce dernier les cédant à son tour à Mac Farlane, donc depuis aucune traduction n’a plus été permise, aucune réédition non plus et du coup les lecteurs doivent se contenter à la fois des rares occasions très onéreuses et de la rumeur qui enveloppe cette série.

« Miracleman » est donc une série incroyable, mélant à la fois le réalisme, l’horreur (le numéro 15 révélant un Kid Miracleman massacrant les habitants de Londres par pur plaisir !), l’intimisme (le numéro 9 montrant même un accouchement en gros plan), mais surtout une réflexion très forte sur ce que devrait être un super-héros moderne !

ce premier album qui n’a jamais vu de suite ne correspond peut-être pas à la meilleure période de cette série mais il permet au moins de faire les premiers pas dans un monde inoubliable !

Plus que conseillé !

Par FredGri, le 23 avril 2005

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