Missak, Mélinée & le groupe Manouchian

Missak Manouchian était membre des FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans – Main d’œuvre immigrée). Il a été le chef du groupe Manouchian. Et leurs actions ont fait beaucoup de mal à l’ennemi. Ces derniers les présentent comme des criminels – L’Armée du Crime-  et vont placarder dans les rues de la ville une affiche rouge où apparaissent en photo dix membres des FTP-MOI. Cette affiche rouge va entrer dans l’Histoire.

Le 6 novembre 1943, à la Gare de Lyon, Missak Manouchian est arrêté en compagnie du « Colonel Gilles », alias Joseph Epstein, par des membres de la Brigade Spéciale n°2, qui les tortureront, avant de les livrer aux Allemands.

Mélinée, la femme de Missak, qui fait aussi partie de l’Organisation, se réfugie chez des amis, la famille de Charles Aznavour.

Le 21 février 1944, à la forteresse du Mont-Valérien, sont fusillés Missak Manouchian et 22 autres de ses camarades.

La femme du groupe, Golda Bancic, est envoyée à Stuttgart, le 9 mai 1944, pour y être décapitée…

Par berthold, le 11 février 2024

Notre avis sur Missak, Mélinée & le groupe Manouchian

Ce 21 février 2024, Missak Manouchian et son épouse Mélinée vont entrer au Panthéon. Le destin tragique des membres du Groupe Manouchian va prendre une autre ampleur à ce moment-là.

A cette occasion, l’éditeur Dupuis, en partenariat avec le MRN (Musée de la Résistance Nationale), sort cette bande dessinée, ce roman graphique, cette œuvre de mémoire, intitulée Missak, Mélinée & le groupe Manouchian, écrite par Jean-David Morvan et illustrée par Thomas Tcherkézian.

Le résultat est tout simplement magnifique et fort. Il émeut, touche, et nous fait bien comprendre le destin et le combat de ces hommes et femmes qui ont fait partie du groupe Manouchian, des FTP-MOI.

Jean-David Morvan, scénariste de Madeleine Résistante chez le même éditeur, prend un angle différent pour nous raconter l’histoire du groupe Manouchian et, surtout, de celle de Missak et Mélinée. Je trouve que Morvan fait un travail des plus remarquables ici. Il parvient à nous passionner pour ce pan de l’Histoire de France. Il ne montre pas Missak Manouchian, Mélinée et le groupe comme des super-héros invincibles. Au contraire, ce sont des gens qui ont une mission à accomplir et qui en connaissent parfaitement les risques. Ils luttent pour la France Libre, sont des étrangers venus d’Arménie, de Pologne, de Roumanie… Missak Manouchian, par exemple, est venu en France au début des années 1920, avec son frère. Il a fait plusieurs fois la demande de nationalité française et ne l’a jamais eue. Et pourtant, cet homme et ses compagnons ont combattu et sont morts pour la France, eux qui étaient considérés comme criminels par l’occupant et le gouvernement collaborateur. Il est normal que cet homme et cette femme entrent au Panthéon.

Morvan montre aussi Mélinée racontant à un certain Charles Aznavour cette histoire, en 1947. La famille Aznavourian était amie avec Manouchian, et recueille Mélinée pour ne pas qu’elle se fasse capturer. Le scénariste va également conter divers faits d’armes du groupe. Comme certains diraient : « Ils en avaient ! ». Leurs attaques étaient osées et directes.

Le récit est entrecoupé par le portrait et une courte biographie des 24 qui seront arrêtés, torturés, et dont 23 seront fusillés au Mont-Valérien et la seule femme, Golda Bancic, envoyée à Stuttgart pour y être décapitée. Ainsi, ces 24 entrent aussi dans l’Histoire et ne seront pas oubliés. Ces portraits sont réalisés par Charlotte Lebreton et Thomas Tcherkézian.

Le dessin de Tcherkézian est efficace. En quelques cases, voire parfois une seule, il parvient à tout montrer. Il réussit à nous faire comprendre la situation, à nous toucher, à nous faire réfléchir à ces moments difficiles, et à nous faire revivre cette période. Le choix graphique est des plus judicieux, comme le fait d’utiliser peu de couleurs. Hiroyuki Ooshima a su choisir les bonnes teintes.

La préface est signée de Georges Duffau-Epstein, fils de Joseph Epstein, alias le « Colonel Gilles ».

En ouverture, sur la page de garde, une reproduction de la fameuse « affiche rouge » accompagnée d’un poème de Louis Aragon : « Strophes pour se souvenir ». A la fin de l’ouvrage, un dossier de 16 pages, documenté et proposé par le MRN.

Ce livre, ce roman graphique de JD Morvan & T. Tcherkézian, est une œuvre important qui mérite d’être dans toutes les bonnes bibliothèques, dans toutes médiathèques, dans toutes écoles, pour ne pas oublier. Ne pas oublier le combat de ces hommes et femmes, étrangers, qui sont venus en France et qui ont aimé ce pays et ont combattu pour lui, en y laissant souvent leur vie.

Missak, Mélinée & le groupe Manouchian mérite toute notre attention.

Citons aussi les autres :

Arsène Tchakarian

Abraham Lissner « Dupont »

Marcel Rajman « Michel »

Golda Bancic « Pierrette »

Thomas Elek  » Tommy »

Mojsze Fingercwajg « Mario » ou  » Marius »

Joseph Boczor « Pierre »

Rino Della Negra « Robin »

Amedeo Usseglio Polsters « Robert »

Cesare Lucca rini  » Marcel »

Boris Holban « Roger » puis « Olivier »

Spartaco Fontanot « Paul »

Robert Witchitz « René »

Roger Rouxel ‘Leon »

Lebj (Leon) Goldberg « Julien »

Emeric Glasz « Robert »

Salomon (Willy) Schapira « Maurice »

Szlama Grzywacz « Charles »

Jonas Geluldig « Jean »

Wolf Wajsbrot « Marcel »

Celestino Alfonso « Pierrot »

Armenak Arpen Manoukian « André »

Georges Cloarec « Marc »

Antoine Savadori « Tony »

Joseph Epstein  » Colonel Gilles »

Stanislas Kubacki

Christina Boïco  » Monique »

Madeleine Delers « Catherine ».

Par BERTHOLD, le 11 février 2024

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