Mission Pyongyang
Parce que la réunification des deux Corée ne se fera pas attendre éternellement, les gouvernements des deux pays ont décidé d’anticiper en procédant, d’un commun accord, à un échange bien particulier. Chacun des deux gouvernements a en effet envoyé chez le voisin un reporter dont le rôle est autant de se renseigner auprès de la population sur la situation que d’être un ambassadeur vantant les mérites de son propre côté de la frontière commune…
Par sylvestre, le 11 février 2012
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Scénariste :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782357610200
Notre avis sur Mission Pyongyang
Après la très instructive série Le visiteur du Sud du même auteur, Mission Pyongyang vient compléter un peu plus notre savoir sur ce pays fermé qu’est la Corée du Nord. L’objectif de cet ouvrage est en effet le même que celui de ses prédécesseurs : informer encore et toujours. Oh, mais non, il ne s’agit pas de nous faire un cours d’Histoire ! Il y a d’autres sources, pour cela… Non, il est là plutôt question de nous raconter comment l’habitant lambda vit là-bas, dans ce "paradis communiste" coupé du monde.
Pour ce faire, le manhwaga Yeong-jin Oh a imaginé cette histoire d’échange de reporters, et c’est ainsi qu’il a envoyé un "Monsieur Oh" de papier (M. Kong-sik Oh) à Pyongyang pendant qu’un virtuel homologue du Nord arrivait lui au Sud, à Séoul.
Le fait que cet échange de reporters soit une fiction décevra peut-être certains d’entre vous qui espéraient que Mission Pyongyang soit autobiographique. Mais ne vous y trompez pas : ce Kong-sik Oh a manifestement beaucoup de l’auteur, et il est clair que si ce dernier a choisi cette formule, c’est pour donner à son récit une dimension humaine (dimension qui n’aurait pas existé dans une présentation plus académique) plutôt qu’avec l’intention de nous tromper sur le fond.
Un certain humour transparaît dans ces pages. Des fois, il est un peu en décalage, sans doute, avec notre humour BD européen. Au risque de paraître un peu "en trop", dans certaines scènes. Cela dit, l’humour a toujours été un outil de communication, et cette dose de sourire que nous propose l’auteur dans son livre, s’il ne sert pas toujours franchement le propos, semble nous souffler qu’il lui en aura fallu user plus d’une fois pour mettre en confiance les gens dont il a pu recueillir les témoignages ; témoignages qu’à son tour, il nous livre…
On imagine aussi la part de suspicion qui a dû peser sur Yeong-jin Oh lorsqu’il était en Corée du Nord du fait de la paranoïa dont on nous a dit, ça et là, qu’elle régissait tout au nord du 38ème parallèle. En effet, chaque question qu’il posait ne faisait-elle pas de lui un espion en puissance aux yeux de certains ?! Le fictif échange de reporters imaginé pour ce Mission Pyongyang laisse transparaître plus d’une fois ce poids, chacun des protagonistes campant certes un interlocuteur intéressé et ouvert à l’autre mais portant en réalité la casquette d’ambassadeur de son propre pays et tenant donc naturellement le discours du "Vous comprendrez bien un jour que c’est vous qui étiez jusque là dans l’erreur : c’est mieux chez moi !". Complexe pays coupé en deux, complexes relations… Surtout qu’avec le temps qui passe, les familles comptant des vivants de chaque côté de la frontière vont finir par faire place à des familles uniquement nord-coréennes et uniquement sud-coréennes…
Ce sont de très nombreuses histoires courtes qui sont à découvrir dans ce Mission Pyongyang, et chacune d’elles nous en apprend un peu plus sur les traditions, sur la façon de penser ou sur les manières d’agir des Coréens du Nord ; en tout cas de ceux qu’a côtoyés Yeong-jin Oh lors de ses séjours en Corée du Nord et qu’il a synthétisés en créant quelques personnages qu’il a imposés à "son" Kong-sik Oh. Toutes ces histoires sont très instructives pour qui s’intéresse à la question et sont ainsi très agréables à lire. Elles le sont d’autant plus (agréables) que Mission Pyongyang est publié en couleurs, atout que n’offrait pas la série Le visiteur du Sud.
Ouvrage fortement conseillé que celui-ci. Ouvrage à découvrir aux éditions Flblb.
Par Sylvestre, le 11 février 2012