Mocha dick

Caleb Hienam, quinze ans, réalise son premier voyage afin d’apprendre le métier de baleinier. Il y rencontre le jeune mapuche Aliro, avec lequel il va devenir ami. Les deux vont être témoins du sauvetage des survivants de l’Essex, coulé par un gigantesque cachalot blanc. La rencontre, quelques temps plus tard, avec un capitaine obnubilé par cette baleine, va bouleverser la destinée des deux garçons !

Par v-degache, le 7 juillet 2023

Publicité

Notre avis sur Mocha dick

Francisco Ortega et Gonzalo Martinez s’attaquent à l’adaptation du récit fondateur de ce qui deviendra par la suite le Moby Dick d’Herman Melville.

En 1839, l’explorateur et auteur étatsunien J. N. Reynolds publie un court roman (Mocha Dick : Or the White Whale of the Pacific) inspiré par un cachalot albinos observé début XIXème au large du Chili, près de l’île Mocha. En 1851, Melville s’en inspirera pour raconter l’histoire du Capitaine Achab menant son navire pour tuer une gigantesque baleine blanche qui lui a arraché une jambe quelques années auparavant.

Caleb Hienam, jeune descendant d’une famille de baleiniers, et Aliro Leftraru, guerrier mapuche, se lient d’amitié sur un bateau. Recueillant les survivants du navire baleinier l’Essex (celui-là même qu’aurait coulé la « vraie » baleine en 1820), ceux-ci vont leur raconter leur combat contre l’animal, et comment celui-ci dévora le plus jeune membre de l’équipage. De retour à terre, le duo va découvrir une toute autre version de cette confrontation… Mais, rapidement, ils apprennent que le père du garçon avalé tout cru par Mocha Dick arme un bateau pour avoir la peau du mammifère. Embarquant à bord de ce dernier, ils comptent bien faire échouer cette entreprise, qui reviendrait à supprimer un animal considéré par les Mapuches comme le gardien des âmes des guerriers, et maintenant l’équilibre entre l’homme et la mer.

Au-delà du combat entre l’homme et l’animal, les deux auteurs chiliens nous proposent un récit humainement puissant, au message écologique fort, soulignant l’unité formée par les sociétés humaine et leur milieu naturel, ainsi que mettant en lumière les méfaits d’une pêche qui est en train de s’intensifier, aux mépris des problématiques de reproduction des espèces.

Le dessin réaliste de Gonzalo Martinez fonctionne, dans les scènes maritimes comme dans les planches plus bavardes. Toutefois, la colorisation est beaucoup trop artificielle, à l’aide d’aplats unis, sans nuances, pas forcément du meilleur effet (l’orange sur une scène clé, c’est bof bof…). A noter un glossaire de fin d’ouvrage particulièrement intéressant et soigné, proposant un véritable approfondissement et prolongement à l’histoire, ainsi qu’à la construction du roman de Melville.

Ce Mocha Dick, publié dans la Collection Cabestan des éditions Paquet, se lit avec plaisir et d’une traite, proposant une belle adaptation du récit qui inspira en partie Melville quelques années plus tard. Le rythme ne retombe jamais et emmène le lecteur dans ce mythique affrontement, tout en le plongeant dans la culture du peuple mapuche !

Par V. DEGACHE, le 7 juillet 2023

Publicité