Moi en double

 
Avec ses 1,54m et ses 127 kilos, Navie est une femme obèse. Son IMC parle même d’obésité morbide… Elle fait pourtant bonne impression quand elle est en société, mais il semblerait qu’elle joue un rôle car au fond d’elle, Navie est complètement désespérée.

Un jour, elle a réussi à personnifier son problème, à se créer mentalement ce "moi en double" qui était la cause de ses malheurs. C’était une "deuxième elle" en elle qui lui faisait prendre les mauvaises décisions, une "deuxième elle" en elle qu’elle s’est donc jurée de tuer…

Car dire qu’on s’accepte tel(le) que l’on est, c’est parfois se mentir à soi-même. Et de ça, Navie en avait marre…
 

Par sylvestre, le 14 avril 2019

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Notre avis sur Moi en double

 
Il y a des maladies qu’on pourrait qualifier de "discrètes", et d’autres qui le sont… un peu moins ! L’obésité fait partie des deuxièmes, et, en plus de pourrir la vie de la personne qui en est la victime, elle donne aussi l’occasion aux moins fûtés de se moquer. Double peine, quoi : au rayon santé, et au rayon psychologie.

Les causes d’obésité peuvent varier, tout comme les thérapies. Il y a les méthodes dures et les méthodes douces. Il y a les succès, et il y a les rechutes… Dans Moi en double, Navie (Collaboration horizontale) nous raconte son expérience, ses ressentis, ses démons, ses démarches.

Elle a su trouver les mots pour analyser sa situation et a organisé ceux qu’on lit pour comprendre son calvaire. Afin que son exposé soit plus parlant, c’est en bandes dessinées qu’elle a choisi de témoigner et c’est Audrey Lainé qui a eu la difficile tâche de mettre en images ce mal-être dont il est question. Les planches ont parfois des compositions classiques, mais elles accueillent parfois de très gros dessins ou au contraire de très nombreuses toutes petites vignettes. Quelques pages aussi n’offrent que du texte, ou en tout cas des mots qui prennent toute la place ; et encombrent l’esprit de Navie !

Graphiquement, Audrey Lainé fait exister le "double" de Navie avec des traits rouges ; la BD est sinon en noir et blanc. C’est un choix qui a son petit impact ; et il n’est pas sans (me) rappeler cette cohabitation du noir et du rouge dans Celle de ma vie, celle de mes rêves, ce qui n’est pas pour (me) déplaire même si on n’est pas du tout dans le même thème !

"Heureusement qu’elle a connu l’amour, Navie !", se dit-on de temps en temps, au fil de la lecture. "Heureusement qu’elle est en couple et qu’elle a eu un enfant !" Car si en plus elle avait été "condamnée" au célibat, son désespoir aurait sans doute été encore plus grand. Sa situation prouve bien, s’il le faut, qu’il ne faut jamais perdre espoir, qu’il faut être entouré et savoir faire des choix tout en acceptant de pouvoir se planter.

L’obésité est un mal qui concerne de plus en plus de monde. Cette BD est en cela un livre qui gagnerait à être lu par le plus grand nombre. Si tout le monde n’est pas Navie, chacun sait les combats qu’il (ou elle) a à mener. L’exemple dans ce récit donnera à tout un chacun à réfléchir sur -pêle-mêle- ses phobies, ses addictions, ses interprétations, ses mauvaises habitude, etc, etc…

C’est parfois dur, la vie. Mais on n’en a qu’une, alors autant se réconcilier avec elle !

Nota : cette BD est parue brochée souple à l’automne 2018 ("Delcourt" lisible en bas de la première de couverture). Elle a été rééditée avec une pochette cartonnée en 2019 ("Delcourt/Encrages" lisible en bas de la première de couverture).
 

Par Sylvestre, le 14 avril 2019

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