MON ANNEE
Printemps
On les avait prévenus que l’enfant qu’ils attendaient serait trisomique. Mais parce que Capucine ne présentait pas ce faciès si spécifique à la trisomie 21, ses parents se sont accrochés à l’espoir qu’elle finisse par perdre sa qualification d’enfant "bizarre" dans les mots et dans les yeux des autres…
Capucine a grandi, un pied dans la vie et l’autre dans un monde bien à elle. Jusqu’au jour où ses parents, convoqués par la directrice de son école, ont compris que le cursus de leur fille allait s’éloigner de celui de ses camarades pour continuer dans un institut médico-éducatif.
Quelle désillusion pour les parents ! Dans leur couple, chacun n’a pas digéré cette déception de la même manière, et le malaise s’est installé. Capucine l’a compris. Elle sent bien des choses…
Par sylvestre, le 9 novembre 2009
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Scénariste :
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Éditeur :
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Genre s :
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Sortie :
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ISBN :
9782505007517
Notre avis sur MON ANNEE #1 – Printemps
La trisomie 21 n’est pas une maladie. C’est un état. On ne guérit pas un enfant de sa trisomie : il grandit avec, et vit aussi longtemps qu’il lui est donné de vivre… (dixit page 40)
La trisomie est un phénomène loin d’être rare, mais tellement délicat à aborder, comme tout phénomène d’anormalité plus ou moins facilement accepté par les gens qui y sont confrontés… Dans le domaine de la bande dessinée, par contre, elle était jusqu’à cet album pour ainsi dire inexistante. (On notera quand même l’existence de l’ouvrage Le cœur-enclume de Jérôme Ruillier, aux éditions Sarbacane) C’est pourquoi s’approprier le sujet et en faire le centre d’un récit "grand public" est une démarche qui demande, à défaut de l’expérience comme c’est le cas pour Jérôme Ruillier cité ci-dessus, au moins un certain tact et une bonne dose de réflexion.
Parce qu’on imagine mal un récit abordant un sujet aussi sensible, aussi délicat, sans qu’il soit lui-même empreint d’une grande sensibilité. Mais lorsqu’on sait que les auteurs ayant collaboré à la réalisation de cette série Mon année sont le scénariste Jean-David Morvan et le mangaka Jirô Taniguchi, on est rassuré sur ce point. Car en plus d’être le résultat d’une expérience personnelle très forte pour ces deux grands noms du neuvième art qui concrétisent ici un projet commun, cette bande dessinée est une véritable réussite autant dans le scénario que dans le dessin.
Le premier parvient en effet, par la voix off de la petite héroïne Capucine et par ses visions subjectives qu’il nous est donné de voir, à nous rendre tout de suite très attachante cette fillette qu’on voit toute mignonne mais qu’on aurait assurément trouvée nous aussi "bizarre" dans la "vraie vie". Et le rythme des événements qui s’enchaînent, au demeurant très vie quotidienne (ne cherchez pas d’action spectaculaire, par exemple !), nous prend par la main comme si l’on était devenu un des proches de la famille et nous attire au-delà de nos premières impressions d’observateur extérieur dans les phases "vie pratique" de la situation. Ainsi, par exemple, le poids qui est donné aux réactions des personnages lors de l’anniversaire de Capucine ou aux disputes dans le couple de ses parents rend très crédible le récit, très authentique, finissant de rendre juste à nos yeux la portée du regard de Jean-David Morvan sur son casting.
Quant au dessin, il est tout bonnement superbe. On savait que Jirô Taniguchi était depuis longtemps passé maître dans la traduction graphique des sentiments même les plus difficiles à exprimer. On se le confirme à nouveau avec cette oeuvre, profitant en plus de la totalité des planches en couleurs comme ce ne fut le cas qu’une fois, avec La montagne magique. Des couleurs de toute beauté, soit dit en passant, ce qui porte encore plus haut sur l’échelle de la qualité le résultat de cette alchimie entre les savoir-faire franco-belge et japonais.
Ce "printemps" (c’est le titre de ce tome 1) sera logiquement suivi de trois autres albums. Le printemps étant un symbole de la naissance, on ne peut pas s’empêcher d’avoir une petite appréhension en pensant à ce que nous réservera l’hiver. Mais on fait confiance à Capucine et à ses créateurs : tous ont déjà su, avec ce premier album, nous souffler que quoi qu’il arrive, le cœur et la beauté y seront.
Un monument de la bande dessinée. Tout simplement.
Par Sylvestre, le 9 novembre 2009