Mon infractus

C’est vrai qu’en passe de devenir un genre en soi, la confidence hospitalière qui relate le dur calvaire de la maladie, des opérations pour éviter le pire et les épreuves psychologiques qui en découlent, se répand progressivement, dressant le portrait d’une création intime qui se dévoile, qui témoigne d’une douloureuse et traumatisante expérience personnelle. Néanmoins, Hervé Bourhis explique très justement qu’il ne veut pas suivre cette voie avec cet album, que même s’il aborde le sujet de son infarctus de 2022, il n’est pas question de s’étaler sur ce qu’il a traversé, mais bien plus de parler de ce qui l’a fait tenir, sa musique, ses sessions de DJ, avec ses amis.

Ainsi, il évoque son passé, les rencontres avec ceux qui vont l’inspirer, un ami disquaire, les auteurs qui comme lui, aiment se perdre dans le rythme d’une soirée à mixer, choisir les bons morceaux, creuser la perle rare, écouter, se tromper, s’améliorer…
L’album se perd peut-être dans une agréable digression biographique, mais il nous propose surtout, en substance, le portrait d’un auteur attachant et pudique qui parle sans en avoir l’air d’une période qui l’a amené à se remettre en question, sur sa vie, sa façon d’envisager son métier d’auteur. On devine bien qu’il n’en est pas ressorti indemne, mais il est de question de s’apitoyer. Nous glissons alors dans une série de tableaux qui relatent le parcourt musical de l’auteur, ponctué de playlist, de conseils, de références qui intriguent (prenons des notes)…

Mon infractus, contre toute attente, se révèle être un album extrêmement touchant et sincère, en marge des autres albums du même genre. Il y a toujours ce petit côté fouillis délectable, propre à Bourhis, et si vous appréciez cet auteur, je ne saurais assez vous conseiller cette passionnante lecture.
Avis aux amateurs.

Par FredGri, le 1 avril 2024