MONDAINE (LA)
Tome 2/2

Aimé Louzeau, le tout jeune inspecteur qui a intégré la fameuse Mondaine sous les ordres du charismatique inspecteur principal Séverin, revient parmi nous afin de dévoiler la suite de son histoire personnelle. Après un premier tome particulièrement consistant qui permettait de plonger dans une ambiance aux fragrances multiples d’occupation guerrière, d’initiation professionnelle et de drame familial, Zidrou vient délivrer cette suite que le lecteur de la première heure attendait.

L’on retrouve dans cet album le même concept qu’antérieurement et ce avec le même plaisir. Basculant sur deux époques distantes de quelques années, le récit n’a d’autres prétentions que de mettre à jour une partie de la vie du personnage principal, en proie comme il se doit à nombre de vicissitudes. Ici, le côté dramatique prend plus d’étoffe puisqu’il vient prendre pour base des faits historiquement malheureux qui ont frappé la ville de Paris durant l’année 42. Par ailleurs, on sent qu’aimé Louzeau a mûri. Sa relation soutenue avec Valentine, son implication plus "pro" et aisée dans la brigade de Séverin, son obstination à l’égard d’Eeva, sa vision sur les dissensions familiales, font que l’homme, certes s’est forgé un caractère mais aussi a su développer sa sensibilité, sa façon sans excès d’appréhender les coups du sort, de les encaisser et aussi de les rendre.

Cette deuxième partie bénéficie donc d’une force narrative que Zidrou a su exploiter avec générosité et finesse. Habile dans la façon de conter les plus belles histoires, l’artiste nous démontre qu’il sait susciter bien des sentiments, se jouant des antagonismes (par exemple l’échange cultivé et enivré entre Aimé et le nazi dans l’abri souterrain), ou appuyant là où ça fait mal (le rappel de la terrible rafle du Vel d’hiv et la folie du père Louzeau) ou encore extrapolant la liaison amoureuse de l’inspecteur avec l’ensorcelante Eeva. Le tout vers une finalité toujours aussi bien peaufinée pour marquer longuement les esprits.

Jordi Lafebre est une fois de plus exceptionnel dans sa manière d’illustrer le parcours rebondissant d’Aimé Louzeau. Ce jeune artiste qui a bénéficié des conseils les plus avisés de ses pairs espagnols peut se vanter de travailler vite et bien, et de faire mouche à chaque vignette, tant l’humanité graphique dont il fait part est des plus perceptibles. La finesse et la justesse de son coup de crayon donne à ses personnages une expressivité, une profondeur marquantes qui, évidemment, touchent complètement et s’associent pleinement à la volonté du scénariste.

Une fin de diptyque aux dimensions humaines remarquablement développées. Messieurs les auteurs, on en redemande !

Par Phibes, le 12 septembre 2014