MONG KHÉO
Le vaurien

Très inspiré par le Vietnam et son histoire, Clément Baloup poursuit, après "Un automne à Hanoï", "Quitter Saïgon" et "Le chemin de Tuan", sa balade au sein d’un environnement empli de mysticisme et de senteurs orientales. "Le vaurien" est le premier opus d’un diptyque annoncé qui met en vedette Mong Khéo, un personnage atypique, contrasté, doté d’un caractère entier et d’un visage simiesque, individu à la fois sauvage et prêt à aider son prochain tout en profitant au passage de certains bienfaits.

On admettra, bien volontiers, la simplicité presque puérile de l’aventure qui, au premier abord, se découvre comme une sorte de fable orientale mêlée à une enquête policière réalisée par un mercenaire rompu aux arts martiaux. Clément Baloup joue sur les personnages qui se croisent au fil de la quête et également sur leurs expressions plus ou moins charmeuses. Le naturel des échanges suscite un intérêt certain. Par ailleurs, le mystique a sa place dans la quête et se déclare lors de la rencontre des deux missionnés avec les tigres de la forêt maudite.

Il y a de la légèreté mais aussi de la dureté dans ces péripéties. Si les ambiances de l’Orient ont quelque chose d’exotique, d’apaisant, elles peuvent cacher des drames insoutenables. C’est le cas avec la disparition de la petite Phuong qui, sans la rencontrer, réalise un parcours terrible de son village à la grande ville.

Les graphiques en couleur directe de Clément Baloup sont d’une douceur flagrante. Appliquant un léger crayonné renforcé par des couleurs pastel riches, ce dernier prouve sa polyvalence dans un genre à mi-chemin entre le dessin réaliste et le dessin naïf. Jouant sur les teintes pour bien camper les ambiances, il apporte une certaine fraîcheur non déplaisante. A ce titre, certaines vignettes se révèlent être d’une beauté remarquable.

"Mong Khéo" est une sympathique histoire à l’intrigue attachante dans laquelle le héros prouve ardemment qu’il est un vaurien, certes, mais un gentil vaurien.

Par Phibes, le 10 janvier 2009