MONSIEUR LE COMMANDANT

Paul-Jean Husson est un auteur reconnu par la critique et le public. Viscéralement antisémite, ses convictions vont être remises en question par l’arrivée de sa belle-fille juive dont il tombe amoureux. La deuxième guerre mondiale éclatant, il va devoir faire des choix…

Par v-degache, le 16 février 2022

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Notre avis sur MONSIEUR LE COMMANDANT

Lorsqu’éclate la deuxième guerre mondiale, Paul-Jean Husson est un écrivain à succès, siégeant à l’Académie française, mais aussi un virulent antisémite. La France défaite, il sombre logiquement dans une collaboration intellectuelle avec l’occupant, n’hésitant pas à prêter sa plume au Je suis partout local pour produire de violentes diatribes contre les Juifs. Mais ses plus solides convictions vont être ébranlées par les sentiments qu’il va peu à peu ressentir envers sa belle-fille juive qu’il héberge, alors que son fils est parti pour tenter de rejoindre l’Angleterre.

L’adaptation du roman de Romain Slocombe, qui a aussi œuvré comme dessinateur BD jusqu’au début des années 1990, dresse le portrait d’un homme tentant de concilier les pensées et l’idéologie les plus abjectes, avec un amour qui lui est doublement interdit. Véritable tableau d’une collaboration aux multiples facettes, Monsieur le Commandant nous fait parcourir la France vaincue, jusqu’aux salons où se presse l’intelligentsia parisienne pour profiter des buffets offerts par l’occupant nazi.

Le fictif Paul-Jean Husson apparaît à la fois abjecte et détestable, croqué par Etienne Oburie avec un visage géométrique rectangulaire et inquiétant, tranchant avec la douceur des traits de sa bru Ilse, et l’ensemble des autres personnages croisés dans l’album représentés de façon beaucoup plus réaliste.
Le récit, dont l’adaptation est signée Xavier Bétaucourt, happe immédiatement le lecteur qui, malgré le sentiment que l’issue sera inéluctable et fatale, éprouve une certaine fascination pour la nasse construite par Slocombe autour de ce couple improbable, ainsi qu’un profond dégoût pour ce personnage à la croisée de Céline, pour son antisémitisme viscéral, et de Jacques Chardonne pour sa germanophilie et son adhésion au pétainisme.

Monsieur le Commandant explore les tréfonds de l’âme humaine, et en dégage son abjection la plus ultime. Cette nouvelle adaptation des éditions Philéas va secouer plus d’un lecteur, qui gardera longtemps en tête le regard impénétrable de Paul-Jean Husson.

Par V. DEGACHE, le 16 février 2022

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