MORPHEUS
En 2070, afin de doper les capacités physiques et intellectuelles des hommes, un enzyme appelée LAG a été créée. Des résultats positifs ne tardent pas à se faire connaître et se ressentent à tous niveaux de la société au point que le monde entier connaît une croissance sans précédent. Mais au bout de quelques années, une contagion léthargique due aux effets à long terme du LAG frappe sévèrement la population planétaire et provoque un effondrement total. Surnommé Morpheus, ce syndrome plonge cette dernière dans des séquences quotidiennes de sommeil de plus en plus longues. Cinq ans après, en la cité indépendante de Prague, la chasseuse Juliette, mère d’une petite fille nommée Chloé, se porte volontaire pour une mission de sauvegarde d’installations menacées par des agents d’une organisation fanatique ayant pour emblème une tulipe noire, les trolls. Lors de cette mission, la jeune femme prend une initiative contraire aux ordres et porte secours au professeur Ivanov. Elle parvient à le libérer de deux trolls mais le mal est fait puisqu’ils ont détruit des échantillons d’ADN permettant au scientifique de contrecarrer le virus. Juliette lui propose alors de retrouver de nouveaux échantillons pour une grosse somme. En apprenant que les résultats de ses expériences ne pourront être obtenus que dans un délai de cinq ans après la construction d’un nouveau laboratoire, la chasseuse oblige Ivanov à partir avec elle vers une autre cité indépendante pour trouver un autre laboratoire en état de marche. Pourront-ils arriver au terme de leur quête tant les embûches vont être nombreux ?
Par phibes, le 20 janvier 2024
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
9782731605556
Notre avis sur MORPHEUS
Parue initialement en 2019 en roman titré Les bras de Morphée, cette histoire futuriste postapocalyptique se voit, sous l’égide des Humanoïdes associés, adaptée en bande dessinée. Qui de mieux placé que Yann Bécu, l’auteur originel de cette équipée, pour prendre les rênes de cette initiative éditoriale et pour nous amener dans cet univers déliquescent grevé par les terribles effets apathiques d’une super-drogue mal étudiée.
Bien que nous soyons dans le schéma endémique que nous avons connu il y a peu, l’on peut concéder que l’originalité est au rendez-vous. Celle-ci vient du fait que le romancier a imaginé que la décrépitude de la planète qui nous est contée ne vient pas d’un désastre écologique ou d’un accident nucléaire mais plutôt d’un enzyme dopant qui a mal évolué. A ce titre, il convient, pour en saisir toute la teneur, de lire la double page au dos du premier de couverture avant de plonger dans les péripéties tourmentées de l’héroïne, la chasseuse Juliette.
Sous le couvert de dialogues bien choisis et utiles à la bonne compréhension de l’univers dans lequel on se trouve, le récit apparaît fluide, remarquablement bien géré et a l’avantage, contrairement à la thématique, de nous garder éveillé le long des quelques cent dix planches. L’action a toute sa place et se veut associée à une intrigue somme toute dense et réellement captivante. Juliette, en tant que chasseuse indisciplinée, et Yuri Ivanov, scientifique désabusé, forment un couple convaincant et dont les pérégrinations fuyantes restent du domaine du plausible. Ils ont la particularité d’être assistés certes par la petite Chloé mais également par deux droïdes qui trouvent leur place dans leur périple. En face de ces personnages, d’autres, bien plus malintentionnés, apportent l’adversité qu’il convient et qui génère la tension qui sied et de bons affrontements.
Francesco Trifogli fait un excellent travail. Rompu à un trait réaliste (Le feu de Thésée, Le sang des immortels…) qu’il ne manque pas de relever, l’artiste nous assure d’un dessin assurément explicite pour nous projeter dans ce futur dégénéré. Ses personnages sont bien choisis, attachants somme toute pour certains, détestables pour d’autres, bénéficiant d’une expressivité qui a le privilège de bien marquer. Côté décors, là-aussi on perçoit une volonté de mettre juste ce qu’il pour bien camper les péripéties. Le tout magnifié par une colorisation des plus adroites signée Axel Gonzalbo.
Une aventure postapocalyptique de belle qualité et rondement menée. Y aurait-il une suite éventuellement ?
Par Phibes, le 20 janvier 2024