MORT DE STALINE (LA)
Agonie

Au soir du 28 février 1953, pour avoir apprécié la diffusion radiophonique d’un concerto de Mozart, Staline exige du Directeur de la maison de la radio un enregistrement. Comble de malchance, le concert n’a pas été transcrit. Aussi, se voit-il dans l’obligation de motiver les musiciens pour un deuxième récital, au grand dam de la soliste qui n’hésite pas, à l’issue de la représentation, de glisser un petit mot acide dans la pochette du disque à l’intention de Staline. Ce dernier ayant récupéré l’objet, il a juste le temps de lire le message qu’il tombe foudroyé par une attaque cérébrale. Alerté, le ministre de l’Intérieur Beria se transporte au chevet du Petit Père du Peuple et avertit ses confrères du Comité Central plutôt que de faire appel directement à un médecin. N’y aurait-il pas une tentative de manoeuvre insidieuse de la part de ceux qui vivaient sous la férule intraitable du dictateur ?

 

Par phibes, le 25 octobre 2010

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Notre avis sur MORT DE STALINE (LA) #1 – Agonie

Fabien Nury est réellement en verve en ce mois d’octobre 2010, comme d’accoutumée, pourrait-on dire. Alors que se profile à l’horizon la sortie du 4ème opus de sa série biographique Il était une fois en France, il lance sur le marché éditorial une autre saga (un diptyque) aux ambiances historiques liée au totalitaire sanguinaire Staline et plus particulièrement aux tergiversations mystérieuses de ses proches collaborateurs vis-à-vis de son décès.

Fort de sa prolixité et de sa créativité, cet auteur saisit ce fait certes dramatique pour le triturer à sa manière et lui faire cracher, au moyen d’une recherche documentaire avérée, un développement tonitruant nimbé d’une noirceur grinçante et d’une décadence glaçante. Aussi, les coups bas pleuvent par le biais de l’atmosphère de terreur qu’il n’hésite pas à dévoiler, tout d’abord via une introduction originale et rocambolesque et ensuite au moyen des agissements amoraux d’un cartel de politiques, à la fois apeurés et assoiffés de pouvoir.

Oui, le récit est implacablement sombre et donne une vision d’une dictature extrême, dépourvue d’humanité. Le cynisme de certains personnages fait inévitablement frissonnés et poussé à son paroxysme, verse adroitement dans une sorte de bouffonnerie crissante. Fabien Nury est vraiment à l’aise dans cette ambiance oppressante et se joue des caractères et des intentions de ses personnages, réels pour certains, en utilisant des dialogues significativement percutants, directs et loin d’être ampoulés. Ainsi, le ministre de l’Intérieur Beria retient toute notre attention et nous fait présager des moments de manipulation forts. Tout comme d’ailleurs, le fils de Staline, Vassia Djougachvili, qui incarne ici la déchéance totale.

Thierry Robin s’est largement éloigné de son univers féerique du Petit monde de Père Noël ou poétique de Rouge de Chine et plonge dans un registre où le côté sombre est "Tsar" pour ne pas dire roi. Son trait est volontairement cassant et crée habilement une atmosphère à la russe impitoyable, oppressante, appuyée par une colorisation judicieusement froide. Son travail est excessif et impulse à merveille les orientations sordides de l’histoire.

Pourtant de couverture rouge, cet album qui se révèle d’une noirceur imparable, possède ce qu’il convient pour passer un moment de lecture vraiment appréciable.

 

Par Phibes, le 25 octobre 2010

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