Mortel imprévu

Edith Womble a quitté son domicile londonien et son mari violent pour traverser l’Atlantique et entamer une nouvelle vie plus réjouissante. Elle se retrouve en Californie où elle entre au service d’une famille bourgeoise. Elle fait la connaissance de Hans, charpentier, avec lequel elle s’engage sur une relation durable. Celui-ci lui propose alors de partir dans sa région natale, le Klondike, afin de se lancer dans la prospection d’or. Après réflexions, le couple se décide à faire le grand saut dans cette aventure difficile. Edith et Hans font la connaissance de trois autres candidats, Harkey, Michael et Dutchy. Ils prennent ensemble une concession proche du Yukon et se mettent à l’œuvre. Au fil des mois, Edith semble avoir trouvé le bonheur dans un style de vie qu’elle n’a pas connu auparavant. Malheureusement, lorsque l’hiver survient, les conditions se dégradent rapidement. Michael, le plus secret du groupe, finit par sombrer dans une folie noire et un matin, se met à assassiner ses compagnons. Hans parvient à le mettre hors d’état de nuire et ainsi, sauve de justesse Edith. C’est en s’apprêtant à creuser les tombes de leurs partenaires que Hans et Edith découvrent que Michael est toujours en vie. Que faire de lui ? Hans veut l’achever pour son geste ignoble, Edith veut qu’il reste vivant et qu’il soit jugé. La décision qu’ils vont prendre va profondément marquer leurs destinées…

Par phibes, le 27 mai 2022

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Notre avis sur Mortel imprévu

A l’origine du diptyque Tin Lizzie et du one-shot Evil road, Dominique Monféry replonge dans l’aventure, dans celle qui cette fois-ci a la particularité de se dérouler dans les grands espaces sauvages mais aussi dans des conditions des plus terribles. Assurément inspiré par les écrits de Jack London et Robert William Service, l’auteur nous entraîne dans les ambiances de la ruée vers l’or, des ambiances qui vont se révéler très dramatiques.

Cet album, riche de presqu’une centaine de planches, donne la parole à Edith Womble, l’héroïne de cette douloureuse épopée. Sous le couvert d’une narration intime, cette dernière nous décrit sa fuite à avant, quittant mari et foyer pour trouver son bonheur ailleurs, sur un autre continent. Jusqu’à la dix-septième page, nous la suivons dans ses pérégrinations qui font valoir certes un bonheur retrouvé mais malheureusement de courte durée. Fort du rebondissement qui suit à la page suivante, le récit prend une orientation autre, beaucoup plus angoissante, entre vengeance et quête de justice, dans une chasse très incertaine. Par ce biais, Dominique Monféry trouve le moyen de nous saisir à la gorge et les péripéties qu’il décline en suivant ont tendance à ne pas desserrer leur morsure profonde. Le drame s’engage pleinement dans la partie et plombe à chaque planche le lecteur dans un terrible tourbillon de douleur, de froidure, d’inquiétude permanente et décisions sans appel, s’immisçant jusqu’à la fin au gré de rebondissements bien marquants.

Force est de constater que cette histoire est vraiment des plus marquantes et nous permet de passer un moment de lecture intense, dure, dans laquelle la finalité semble nous échapper à tout moment. Prenant des accents de thriller, on peut saluer la très bonne articulation des péripéties contées qui, dans leur développement, suscite une totale attention du lecteur.

Cette adhésion permanente passe évidemment par le travail graphique envoutant de l’artiste. En effet, son dessin se veut du plus bel effet malgré la thématique. Dans un concept semble-t-il de colorisation directe remarquablement adaptée aux situations, Dominique Monféry nous régale grâce à la justesse de ses décors sauvages et marqués par le froid du Klondike. Il nous montre la belle expressivité de ses personnages, la colère, l’effroi, les troubles, les choix douloureux, dans lequel il les plonge sont parfaitement bien restitués.

Une histoire complète sombre superbement orchestrée, angoissante et figeante à souhait.

Par Phibes, le 27 mai 2022

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