Mourir pour la cause
Révolution dans le Québec des années 1960

En 1962, une déclaration de Donald Gordon, le président de la Canadian National Railways, au sujet des canadiens francophones, enflamme l’opinion, provoquant dans la foulée de nombreuses manifestations et la création, par le trio Hudon/Villeneuve/Schoeters, du Front de Libération du Québec (FLQ) en 1963. A travers cet album, nous suivons donc les actions de trois figures majeures de l’histoire du FLQ: Georges Schoeters (63), François Schirm (64) et Pierre Vallières (66), qui montrent l’évolution du mouvement, sa radicalisation, ses erreurs et son délitement progressif au début des années 70…

Par fredgri, le 19 mars 2024

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Notre avis sur Mourir pour la cause #1 – Révolution dans le Québec des années 1960

Avant tout, pour lire ce passionnant album, je conseille de commencer par la première partie de l’appendice, notamment la partie « Émerger de la grande noirceur » qui pose les bases du sujet, en expliquant le contexte dans lequel se trouve le Canada francophone à la fin des années 50, début 60, après la mort de Maurice Duplessis, qui a marqué le pays pendant des décennies au détriment de la population francophone. A la mort de ce dernier, les inégalités restent et malgré des politiques qui tentent de rectifier le tirs la situation reste intolérable, nourrissant une poussée de radicalisme qui voit la création de deux « factions », le parti québécois et le FLQ.Je vais un peu vite dans mon résumé, mais gardons en tête que même si la situation tend à vouloir s’améliorer, le processus est lent et certains pensent que la meilleure façon de l’accélérer c’est de passer aux actes, de faire bouger l’opinion.

Chris Oliveros se penche alors sur trois portraits qui exaltent cette prise de conscience et les actions terroristes qui vont s’ensuivre. Georges Schoeters, François Schirm et Pierre Vallières. Toutefois, bien plus que le message profond qui peut servir cette cause, les revendications, il insiste sur les dommages causés par ces actions, les bombes qui explosent, les victimes, la maladresses des opérations qui ne font que retourner l’opinion publique contre eux, les marginalisant et les enfermant dans un rôle de méchants communistes qui tuent sans se poser de question sur les dommages, pour finalement se rendre compte que tout ça n’a absolument aucun résultat sur ce qu’ils veulent combattre.
Il n’est donc pas forcément question de parler de la situation du Québec, mais de se concentrer sur les errances de ces « hurluberlus » extrémistes et irresponsables. Toutefois, les notes en fin de volume viennent un peu plus recontextualiser tout ça, rajoutant du détail dans les faits, même si ça aurait pu être intéressant aussi de parler du contexte extérieur au FLQ…

En attendant, on est très vite impressionné par la somme de documentation que l’on devine derrière l’écriture de ce volume qui s’appuie sur des témoignages, sur de nombreux textes de références, sur des images d’archives (avec une liste très exhaustive en fin d’album). L’écriture, en parallèle, n’est pourtant jamais redondante, ni noyée dans une terminologie pesante. Chris Oliveros reste en retrait sur l’Histoire, laisse s’exprimer les acteurs du récit et même si je trouve que parfois il met davantage en avant les anecdotes au détriment des revendications, on est complètement happé par ce qui se déroule devant nous, cette histoire de violence, de ces personnes qui tentent malgré tout de faire entendre leur voix, même s’ils la couvrent systématiquement avec le bruits de leurs bombes artisanales.

Une leçon d’Histoire intéressante, qui nous permet d’en savoir davantage sur ce lointain Canada, sur l’évolution des mœurs qui a animé les colonnes des journaux dans les années 60.
Une lecture indispensable, très vivement conseillée.

Par FredGri, le 19 mars 2024

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