MOVIE GHOSTS
Sunset, et au-delà

L’humeur vagabonde, Jerry Fifth peut s’enorgueillir de connaître la Cité des Anges comme sa poche, dans sa grandeur mais aussi dans ses travers. Cigarette aux lèvres, le détective se retrouve dans un bar de Sunset où il a rendez-vous avec une femme qui est le sosie de Jean Harlow. Malheureusement, elle ne vient pas. Il fait alors la connaissance de Cornell qui, après quelques échanges, lui fait part d’une théorie étrange sur les problèmes auditifs dont souffre de temps en temps Jerry. En effet, ce dernier parviendrait à capter les plaintes des acteurs déchus du cinéma décédés qui n’ont pu trouver la paix. Cornell en vient à lui proposer d’enquêter sur la mort d’une star, Louise Sandler, disparue mystérieusement depuis quarante ans. Si dans un premier temps, Jerry a du mal à comprendre son interlocuteur, la curiosité finit par le lancer sur les traces de l’ancienne actrice. Au fil des indices divulgués par Cornell et d’un intense questionnement, le limier parvient à avancer dans son enquête grâce à un nom, Harry Van Dyke, sous-fifre de Louis B. Mayer de la MGM. Serait-il sur la bonne voie pour rendre à Louise son destin ?

Par phibes, le 13 mai 2022

Lire les premières pages de MOVIE GHOSTS #1/2 – Sunset, et au-delà

Publicité

Notre avis sur MOVIE GHOSTS #1/2 – Sunset, et au-delà

Toujours en verve, Stephen Desberg, le créateur de Scorpion, Sherman, Miss Octobre et de beaucoup d’autres récits multi-genres, vient ici faire, au travers de cette nouvelle fiction, un gros clin d’œil à l’univers dans lequel il a été élevé et qui l’a enchanté. Cet univers, c’est le cinéma des années passées, celui issu de l’industrie cinématographique d’Hollywood sous le couvert de la MGM (entendez Metro Goldwin Mayer) dans la période où celle-ci entame sa déliquescence.

C’est dans cette ambiance fantomatique que le scénariste nous offre l’occasion de découvrir le détective Jerry Fifth qui va être amené à se lancer dans des enquêtes qui pourraient être conventionnelles et qui ont la particularité de mettre en évidence sa spécificité très étrange, celle de communiquer avec les morts, avec les âmes perdues de la Cité des Anges.

Sans pour autant jouer sur le charisme démesuré du détective, Stephen Desberg dresse, dans un esprit à la Bogart, un récit sombre et fantastique, à deux étapes, dédiées chacune d’elles à une enquête. A la faveur d’une voix-off prégnante, cette première partie se veut, dans les entournures, empreinte de nostalgie de l’époque héroïque du cinéma américain tout en la révélant plutôt via son côté obscur. Elle y développe également une histoire d’amour, à prime abord, impossible qui a son charme et donne un certain piquant dans cette « flânerie » policière au sein d’une ville endormie gagnée par la désillusion.

On retrouve pour la part graphique Attila Futaki à qui l’on doit par ailleurs Le tatoueur, l’Ange de Budapest, Hypnos…. Ce dernier réalise en cet album une très belle performance. En effet, l’artiste hongrois s’est appuyé sur une belle documentation pour représenter Los Angeles et Hollywood dans des instantanés sombres qui dégagent une atmosphère très spectrale réservée semble-t-il aux noctambules. Le trait est adroit, fin, soigné, tout comme les couleurs, et s’apprécient pleinement au fil des vignettes, dans un découpage de planches pour le moins moderne. La mise en scène de ses personnages, leurs expressions, leurs attitudes dénotent une belle recherche du mouvement, d’un esthétisme qui a quelque chose d’envoutant.

Une première partie d’un polar fantastique qui a son charme, surtout dû au particularisme mystérieux de ce détective que l’on a envie de mieux connaître.

Par Phibes, le 13 mai 2022

Nos interviews, actus, previews et concours

À propos

Actualités, interviews, previews, galeries et concours.

Publicité