MUNROE (LES)
Magadi train

Le mariage qu’espère Robert Munroe, propriétaire de la plantation déficitaire de café de Kijambe au Kenya, avec Victoria Collins, fille d’un pasteur richissime, est pour le moins compromis. En effet, alors que la récolte de cette année semble en grande partie perdue due à une attaque parasitaire, son fils Sean, qui a été arrêté pour le meurtre de la kikuyu Wanza Kamini, est en pleine cavale à la suite d’un transfert qui a mal tourné. De plus, d’après son autre fils Ted, le fugitif serait décédé dans le bush sous les crocs d’un lion. Malgré tout, l’enquête diligentée par l’inspecteur Njoya se poursuit et vient même se renforcer par l’arrivée inopportune de Pius Odinga, un journaliste qui en sait plus qu’il n’y paraît sur cette affaire montée en épingle à la suite de celle, aux effets retentissants, de Thomas Cholmondeley.

Par phibes, le 1 juillet 2011

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Notre avis sur MUNROE (LES) #2 – Magadi train

Les ambiances africaines rejaillissent puissamment grâce à la sortie de ce deuxième tome porté par une association d’auteurs qui a déjà fait ses preuves avec la fameuse série El Niño. Par son biais, nous replongeons donc dans l’atmosphère lourde et électrique de la famille Munroe, famille pour le moins éclatée et victime de ses nombreuses frasques peu honorables.

Cité dernièrement lors de la publication récente du troisième opus de Cap Horn, Christian Perrissin tire, en habile scénariste, les délicates ficelles de sa saga de façon à nous entraîner sur des pistes tortueuses, à mi-chemin entre enquête policière et drame familial. Pour ce faire, il découpe subtilement celle-ci en tranches de vie liées aux personnages récurrents tels Robert Munroe, l’inspecteur Njoya et le fuyard Sean, et les assemblent dans des effets qui dénote une étude caractérielle des plus captivantes et dans une fluidité scénaristique exemplaire. Mensonges, manipulations sournoises, intrigue meurtrière, vengeance, liaisons dangereuses, aide tardive, course-poursuite… tels sont les nombreux faits qui ébranlent la maison Munroe dans un contexte colonialiste dépassé.

L’histoire se déroule généreusement, au gré d’études psychologiques extraordinaires. Les seconds rôles (le journaliste Pius Odinga, Gladys Caldwell) ont droit au chapitre et influencent astucieusement la tournure des évènements. Pareillement, côté protagonistes principaux, certains caractères s’affichent. Ted semble jouer dans la cour des méchants tandis que Sean subodore l’erreur judiciaire. Alors que rien ne transpire sur le plan du meutre pour lequel Le fugitif a été condamné, le policier Odinga s’impose par son sens du devoir et ses qualités humaines (voir le face-à-face du final) tandis que Karen n’a pas encore réellement démarré dans ses aspirations.

La beauté du dessin de Boro Pavlovic ne fait aucun doute, tant par sa justesse d’expression que son authenticité. Usant d’un encrage non agressif complété d’une colorisation des plus délicates, ce dessinateur expérimenté nous subjugue, nous dépayse totalement en nous entraînant dans des effluences exotiques au plus profond de l’Afrique noire, dans des paysages désertiques enivrants, presque sauvages. Son trait se veut aussi une sorte d’hommage à la gente africaine, qu’il représente dans des portraits colorés d’une grâce confondante.

Un épisode très coloré aux accents policiers et dramatiques prononcés et aux senteurs puissantes de café à découvrir instamment.

 

Par Phibes, le 4 juillet 2011

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