MUNROE (LES)
Les larmes de Kibera
Condamné pour avoir assassiné la jeune kikuyu Wanza Kamini, Sean Munroe s’est évadé et est toujours en fuite, poursuivant une quête bien précise. Alors qu’il lui faisait face, l’inspecteur Njoya n’a malheureusement pas pu l’arrêter. Aussi, ce dernier, intrigué par les agissements du fuyard et la légèreté de l’instruction judiciaire, poursuit son enquête, appuyé en cela par le journaliste Pius Odinga. De son côté, Karen, la sœur de Sean, s’est transportée à Kibera, le slum de Nairobi, afin d’y retrouver le père Causcu avec lequel son frère a vécu. Faisant fi du danger que représente cet endroit surpeuplé où les wazungu ne sont pas appréciés, elle parvient à rentrer en contact avec l’ecclésiaste souffreteux qui lui fait part de ses connaissances quant à Sean, sa condamnation et son trouble par rapport à l’assassinat de la jeune Wanza. Malheureusement, Karen est prise à parti par le clan de Moyo, lié à la kikuyu décédée, et se voit condamnée par celui-ci. Sa sauvegarde ne repose plus que dans l’intervention de Sean lui-même et éventuellement dans celle de l’inspecteur Njoya.
Par phibes, le 25 mai 2012
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Collection s :
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Sortie :
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ISBN :
9782723485302
Notre avis sur MUNROE (LES) #3 – Les larmes de Kibera
Avec ce troisième tome, la grande fresque africaine modelée par Christian Perrissin, au faîte de son art, avance grandement au rythme d’une cabale et d’une enquête policière habilement juxtaposées.
Cet opus donne l’occasion de voir "s’émanciper" Karen, la sœur du fugitif Sean, qui vient déclarer sa totale solidarité (ébauchée précédemment) vis-à-vis de son frère. Cette dernière se voit donc passer en première ligne pour faire avancer l’intrigue qui auréole le meurtre de la jeune Wanza. Pour ce faire, c’est dans le grand quartier défavorisé de Kibera (bidonville tentaculaire de Nairobi) que la principale action doit se dérouler, donnant ainsi l’occasion de faire croiser le chemin de certains personnages clés.
Une nouvelle fois, la qualité narrative est au rendez-vous. Christian Perrissin parvient à nous subjuguer dans sa façon d’orienter son histoire via des personnages forts, Karen, l’inspecteur Njoya, Sean et les autres, qui, n’oublions pas, prend ses bases dans un fait divers récent qui a défrayé la chronique kenyane (l’affaire Thomas Cholmondeley). A partir d’une structure bien établie, d’un suspens toujours aussi prenant et d’une immersion territoriale dépaysante, l’artiste nous fait goûter avec justesse la progression d’une enquête journalistico-policière qui doit nous affranchir sur les agissements effectifs et sur la culpabilité d’un fugitif. Entre faux-semblants, aveux mi-déclarés, mensonges et agissements dramatiques, sur fond d’affrontements ethniques, l’aventure ne souffre assurément d’aucun temps mort et tire astucieusement des bords parfois avec surprise jusqu’à une résolution finale très prochaine.
La valeur de la saga passe également par la qualité des graphismes de Boro Pavlovic, véritable compagnon de voyage du scénariste, qui donne une vision des plus réalistes de celle-ci. Son travail encenseur se veut un hymne à la beauté exotique, faisant appel à une galerie de portraits superbement réalisés, colorées avec douceur et efficacement expressifs. Pareillement, sa vision panoramique du territoire est des plus ensorcelantes, partagée entre, d’un côté, sauvagerie des lieux et désolation urbaine de l’autre.
Un avant-dernier épisode aux consonances africaines remarquable qui nous rapproche au plus près de la vérité.
Par Phibes, le 25 mai 2012