MYSTÈRES DE LA TROISIÈME RÉPUBLIQUE (LES)
Le tueur dévot

Richelle et Wachs poursuivent leur excellente série. Ce polar est d’un grand intérêt. D’une part, il nous permet de suivre des enquêtes fouillées et riches en rebondissements. D’autre part, ces bandes dessinées nous font découvrir le contexte politique de l’entre-deux-guerres.

Bien sûr, les auteurs ont pris leurs libertés avec les personnages de l’époque et tout n’est que roman dans cette série. Néanmoins, c’est bien la société des années 1930 qui est dépeinte ici, avec un regard particulièrement aiguisée sur la montée de l’extrême droite. Si les fascistes ont surtout percé en Allemagne et en Italie, la France n’était pas exempte de groupuscules plus ou moins dangereux comme le montre le livre.

Richelle, pour rendre sa BD la plus crédible possible, joue aussi avec notre mémoire pour mieux nous faire croire à la réalité de son histoire. Par exemple, il nous parle d’un ministre Allendrot qui se suicide. Or, en 1936, c’est Roger Salengro qui s’était donné la mort, mais en ouvrant le gaz dans sa maison, tandis que, dans la BD, le ministre meurt dans un étang profond de quelques centimètres. Ca ne vous rappelle rien ? C’est la même scène que la mort du ministre Robert Boulin, décédé dans des circonstances troubles en 1979.

Le procédé est très malin et donne beaucoup de crédibilité au scénario.

Au dessin, Wachs choisit un style et une mise en scène très classiques. Mais cela sied bien à l’album et l’on dévore l’histoire de bout en bout.

Une série à découvrir absolument, en attendant de se plonger dans les autres « Mystères », ceux de la 4e puis de la 5e République, toujours signés Richelle, avec d’autres dessinateurs, chez Glénat.

Par Legoffe, le 5 février 2017