NAINS
Ordo du Talion

Il y a trente ans, parce qu’il était le sixième fils de la fratrie, né le sixième jour de la sixième lune, Ordo a été arraché à sa famille pour intégrer de force la secrète et toute puissante Loge Noire. Sous la coupelle du sombre Maître Abekash, il apprend au fil du temps à devenir un tueur à la solde de l’Ordre du Talion. Son initiation infernale et ces agissements radicaux lui permettent toutefois de s’interroger sur son avenir ténébreux s’il persiste dans cette voie inextricable. Devenu maître assassin, il se voit confié par Abekash un nouveau contrat qui consiste à éliminer un autre élément de la Loge, son ancienne compagnonne Héba. A partir de ce moment, ayant compris que l’Ordre pour le compte duquel il mène ses missions est irrémédiablement corrompu, Ordo décide de l’anéantir coute que coute. Puisqu’il doit pourchasser Héba, autant l’approcher et lui proposer de s’associer à lui pour déstabiliser le sinistre Ordre en lui volant ce qu’il a de plus précieux, le Cœur du dragon, détenu au cœur de la forteresse de Fort Draz.

Par phibes, le 4 septembre 2015

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Notre avis sur NAINS #2 – Ordo du Talion

Toujours sous l’œil vigilant de Jean-Luc Istin, directeur de collections chez Soleil, cette nouvelle série poursuit dorénavant son vol grâce, une fois encore, à la créativité du scénariste qui en a pris la gestion à savoir Nicolas Jarry. Fort de cet univers mis en avant dans le premier tome, le lecteur est appelé, à l’instar de la saga Elfe (parue chez Soleil également), à découvrir les différents ordres (au nombre de cinq) qui composent le royaume des fameux nains au travers d’aventures uniques vécues par chacun de ses représentants.

Après avoir évoqué l’Ordre de la Forge et les péripéties douloureuses de Redwin, Nicolas Jarry s’attaque donc à un autre ordre, celui du Talion, régi par la caste des commerçants et des négociants, qui bénéficie d’un pouvoir de persuasion énorme sur les rois nains. Afin d’imposer sa volonté, cette organisation s’attache les services radicaux d’une société secrète, la Loge Noire. Et c’est de l’un de ses membres, Ordo, que l’on va suivre les péripéties.

Comme l’on pouvait s’y attendre, la destinée d’Ordo se veut trouver une certaine cohésion avec celle de Redwin. Refusant en quelque sorte ce qu’il est devenu par obligation, à savoir un assassin aux ordres d’une entité machiavélique, ce dernier a décidé de se lancer dans une quête vindicative contre son propre employeur. Aussi, on ne sera pas forcément surpris de la noirceur du récit qui fait étalage, dans un déroulement alterné maîtrisé entre passé et présent, de la vie dramatique du personnage principal. A la faveur d’une voix-off amère très significative et d’un déroulé scénaristique à rebondissements, les évènements contés se révèleront formateurs à la fois sur l’Ordre dont il est question, sur la sinistre Loge Noire et sur Ordo lui-même.

Aussi, on ne manquera pas, une fois de plus, de se laisser happer par le destin tourmenté du héros, par la quête vengeresse qui l’anime. Celle-ci nous entrainera dans des péripéties sombres et puissantes où la tragédie prend toute sa dimension à la faveur de retrouvailles captivantes et d’une menace permanente qui génèrera un duel inévitable.

Pierre-Denis Goux a laissé sa place à un de ses confrères Stéphane Créty qui a construit sa notoriété sur des séries comme Acriboréa, Hannibal Meriadec et les larmes d’Odin, Le sang du dragon, Star wars… Il ne fait aucun doute que la mise en image de la destinée d’Ordo qu’il met en avant se suffit à elle-même pour bien camper l’univers fantasy, grâce à un jeu pictural tout en puissance. Ses décors imaginaires sont de toute beauté, enrichis par une colorisation superbe. De leur côté, ses personnages sont remarquablement caractérisés, dans leur petitesse et surtout leur massivité, leur agressivité et leur robustesse, et enfin leur psychologie exacerbée. A ce titre, l’on conviendra qu’il ne manque pas de savoir-faire pour jouer sur leurs expressions les plus sombres et sur leurs attitudes les plus violentes.

Un nouvel ordre du royaume des nains pour une nouvelle destinée tourmentée admirablement contée et dessinée.

Par Phibes, le 4 septembre 2015

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