NARCISSE
Mémoires d'outre-monde

Narcisse est le nouveau gardien d’un phare vendéen. De retour d’un très long périple maritime, ce dernier est pour le moins amer. En effet, il n’a plus le droit de rembarquer pour de nouvelles expéditions et ne peut malheureusement éviter la médisance des gens du cru qui voit en lui, de par certains signes physiques et son parcours, un mangeur de chair humaine. Pourquoi un tel dénigrement ? L’arrivée d’un jeune garçon venu à flanc de falaise pour mettre à l’eau un de ses jouets va être l’occasion pour ce bonhomme charismatique de narrer son aventure, une aventure qui commence sur les rives du fleuve de Saint-Gilles sur Vie alors qu’il avait à peine 12 ans et que l’appel du large commençait à le titiller sérieusement. Engagé à bord de l’Eugénie en tant que mousse pour un périple sans surprise, Narcisse finit par opter pour un plus long voyage à bord de la Reine des Mers puis sur le Saint-Paul à destination de l’Inde. Cette terrible décision va marquer à tout jamais son existence, partagée entre découverte et tragédie.

Par phibes, le 2 mai 2014

Publicité

Notre avis sur NARCISSE #1 – Mémoires d’outre-monde

Pour la deuxième fois chez l’éditeur Paquet, Chanouga réapparait dans le paysage du 9ème art après l’étrange aventure de Jonathan Melville raconté dans son one-shot De Profundis. Cette fois-ci, l’artiste, toujours aussi passionné de récits chargés d’embruns, nous invite dans un périple au long cours qui devrait s’étaler sur trois épisodes et qui met en scène un autre adepte du grand large à la destinée hors norme.

Pour cela, Chanouga s’est appuyé sur l’histoire réelle de Narcisse Pelletier, un jeune marin de la Vendée qui s’est engagé, au milieu du 19ème, dans une épopée particulièrement impressionnante qui l’a amené non sans grosses difficultés jusqu’aux côtes sauvages du nord de l’Australie. Ce premier épisode est évidemment celui qui initie l’aventure que l’on va découvrir tel un récit de voyage. Elle permet de faire la connaissance du fameux Narcisse de retour de son périple et d’entendre son histoire fertile en rebondissements.

On conviendra que ce début d’aventures s’appréhende avec un intérêt certain. Après une ouverture intrigante qui donne l’occasion de découvrir Amglo/Narcisse dans tout son mystère, l’histoire opère, dans une virevolte ajustée, un retour en arrière de près de 17 ans nécessaire pour en quelque sorte démystifier ce marin et se focaliser sur l’époque où, tout jeune, il se prépare à quitter le nid familial. Ce démarrage, porté habilement par une narration intimiste et par un choix de tranches de vie caractéristiques, nous dévoile les débuts du jeune mousse, dans une initiation au métier de marin pour le moins impitoyable.

Côté dessins, Chanouga démontre une fois de plus ses remarquables aptitudes à créer des ambiances doucereuses grâce à un usage expérimenté de couleurs directes. L’artiste trouve la représentation qu’il sied pour rendre ses personnages captivants, par le biais de postures, de gros plans, finement élaborés. Au niveau des décors, l’on concèdera qu’il ne plaint pas le détail. Les paysages et les visions marines dont certaines en pleine planche sont du plus bel effet et offrent un message des plus dépaysants.

Une première partie d’aventure maritime adaptée d’un fait réel qui ouvre des perspectives on ne peut plus enthousiasmantes et qui inaugure la toute nouvelle collection Cabestan de chez Paquet.

Par Phibes, le 2 mai 2014

Publicité