NEIGE ORIGINES
EDEN

Après que le convoi de Chantefable ait été décimé par une bande de hors clans cannibales, dans la tourmente de neige, de fantomatiques silhouettes toutes de blanc vêtues se posent et viennent sauver le colporteur.
Des anges, pense Chantefable avant de s’évanouir et de se réveiller dans une vallée, au Paradis, du moins c’est ce que prétendent les Héloïms et leur Gourou qui a pris le nom de Yahvé.
Quelques jours plus tard Neige et Père Tabac se retrouvent eux aussi dans ce lieu étrange où règne une atmosphère très particulière. La plupart des hôtes des Héloïms semblent se contenter de leur sort, heureux d’être au chaud, nourris et ne se posent aucune question. Chantefable, plus curieux, s’interrogera lorsqu’il se rendra compte qu’il ne peut quitter cette vallée, cage dorée et confortable, sur les motivations de Yavhé.

Avec une introduction digne du meilleur de Mad Max, mais où la neige tient lieu de décor en lieu et place du sable du désert, Didier Convard et Eric Adam embarquent le lecteur dans une aventure tumultueuse qui ne lui laisse pas le temps de souffler.
Entre les grandes scènes de bataille, les deux scénaristes distillent le mystère sur le groupe des Héloïms et leur chef. La tension monte lentement, insidieusement, avec une écriture finement orchestrée, maitrisée, pour amener le lecteur à s’interroger sur ce lieu et le but poursuivi par ses habitants.
La catastrophe climatique a engendré d’étranges communautés et les Héloïms qui sauvent Chantefable ne sont pas la moins inquiétante.
Didier Convard et Eric Adam ne se contentent pas de nous offrir de la grande aventure, ils appuient leurs récits sur des références historiques, culturelles ou religieuses, faisant appel au background des lecteurs pour interpréter les signes dispersés dans le scénario.
Les références religieuses sont ici fortement mises en avant, Héloïms, le Paradis et leur chef, un étrange homme masqué qui se nomme Yahvé.
Quel secret terrible cache cette secte et pourquoi gardent-ils confinés dans un périmètre restreint leurs hôtes ?

Convard et Adam nous offrent un épisode puissant, sauvage et troublant car tout l’art de ces deux grands scénaristes est de distiller dans un scénario de grande aventure quelques questionnements sur l’humanité.
Le rythme est soutenu, la violence, terrible, engendrée par les crève-panse ou les malades du mal d’Orion, explose et ponctue une tension exacerbée maintenue tout au long de cet épisode par le mystère qui entoure le Paradis.

Le dessin de Fred Vignaux, qui est arrivé sur la saga Neige avec les Origines, confirme la superbe impression qu’il nous avait donné sur le tome un. C’est avec maestria qu’il met en scène ce spin off. Rendant avec la finesse et la précision de son trait la tension sous-jacente qui règne dans la vallée des Héloïms, libérant toute la violence qui est de mise dans ce monde de chaos avec des scènes d’affrontement que ne renieraient pas Miller ou Kirkman.

Par Olivier, le 21 septembre 2016