Neonomicon

(The Courtyard 1 et 2 + Neonomicon 1 à 4)
Pour commencer nous suivons l’agent spécial Sax, qui travaille pour le FBI sur une affaire de meurtres sanglants. En suivant ses pistes il arrive au club Zothique ou il finit par rencontrer l’étrange Johnny Carcoza. Ce dernier va lui faire gouter une nouvelle drogue, l’Aklo… Sax va ainsi entrer dans un monde ou l’horreur et l’indicible vont à jamais changer sa vie…
Quelques temps sont passés, Sax a semble-t il "pété un câble", il est donc en prison et parle dorénavant une langue mystérieuse que personne ne comprend plus. Or, une nouvelle série de meurtre fait rage, reproduisant le même mode opératoire que dans l’affaire dont s’occupait Sax auparavant. Les agents Merril Brears et Gordon Lamper sont alors dépêchés pour aller interroger Sax.
Mais l’enquête va vite les ramener vers Johnny Carcoza, d’une part, et vers un monde ou magie et réalité se mêlent mystérieusement…

Par fredgri, le 27 décembre 2011

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Notre avis sur Neonomicon

Moore a annoncé un peu partout que, de toute façon, il ne referait plus vraiment de projets BD de commande, juste des projets qui lui tiennent à cœur, plus indépendants. C’est ainsi que nous le revoyons à l’occasion de la suite à Courtyard (un texte qu’il avait écrit et qui a été ensuite adapté en comics par Antony Johnston et Jacen Burrows, pour Avatar). Avec Neonomicon, Moore reprend donc l’enquête que menait l’agent Sax pour cette fois aller bien plus loin, tout en restant bien plus accessible. Il faut dire que lorsque Moore aborde ses sujets favoris comme la magie il peut lui arriver d’être parfois assez hermétique, ce qui n’est pas le cas ici.

Autant je trouve Courtyard parfois un peu abscons dès le moment ou on entre dans le monde lovecraftien, autant, justement, sous l’unique plume de Moore, Neonomicon devient tout de suite très clair et accessible. De plus, Moore traite son sujet sans aucune concession, et surtout pas pour ses personnages. Toutefois, le traitement est très frontal et il faut vraiment s’accrocher parfois. On est loin des histoires avec des héros lisses qui s’en sortent idem à la fin, ici, Moore va jusqu’au bout de ce qu’il a à dire.

Personnellement, je n’ai jamais lu de livre de Lovecraft et franchement ça ne m’a pas gêné, à part pour deux ou trois références dans les angles, mais rien de bien insurmontable, de toute façon. Ensuite, j’ai été assez impressionné par l’intensité des situations dans lesquelles Moore balance ses personnages. La façon qu’a Merril, par exemple, d’être d’abord complètement dépassée/submergée par les évènements, et progressivement de reprendre du poil de "la bête", est incroyable. sans vraiment voir grand chose on est saisi par l’horreur de la scène et par ce que l’agent va subir.
Et on ressent vraiment la subtilité de l’écriture de Moore quand on compare les deux parties de cet album. D’une part on a une adaptation d’un texte par un autre scénariste, et d’autre part on a un scénario original de Moore. Le scénariste anglais équilibre merveilleusement sa narration page par page, ses dialogues et même si c’est vrai que la première partie de Neonomicon est assez molle, très vite, dès qu’il insuffle davantage de mystère, de tension (en gros, à partir du moment ou les deux agents entrent dans la boutique ésotérique) le récit gagne en texture et devient très prenant !

De plus, le dessin de Barrows est tout simplement incroyable, très fin, expressif et détaillé, avec une mise en couleur qui louche vers le gris-vert, c’est tout simplement magnifique. Certainement son meilleur boulot à ce jour.

On a peut-être un Moore un peu plus "anecdotique" qu’à son habitude, mais franchement cela reste du très bon cru. Le scénariste n’a donc pas complètement laissé tomber la BD et c’est une très très bonne nouvelle.

Par FredGri, le 27 décembre 2011

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