NEW YORK TRILOGIE
La Ville

La Ville a une vie propre et ses propres codes.
Que ce soit la bouche d’égout,  les perrons, la borne à incendie ou les fenêtres, elles pourraient vous en raconter des histoires sur ce qui se passe dans la Ville…
 

Par berthold, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur NEW YORK TRILOGIE #1 – La Ville

Je tiens par commencer à remercier l’éditeur Delcourt pour nous proposer cette nouvelle édiition d’un des chefs d’oeuvre de Will Eisner.

Will Eisner, ou de son vrai nom, William Erwin Eisner est né en mars 1917 et nous a quittés début janvier 2005. C’est un des auteurs majeurs de la bande dessinée. Un des rares qui lui ont apporté beaucoup. Il est l’auteur de la série The Spirit qu’il a créée en 1940. C’est à partir de là qu’il va innover dans la conception d’une planche et de la narration. Et dans les années 70/80, il sera l’instigateur de ce que l’on nomme le roman graphique. Il a été recompensé par de nombreux prix et dans divers festivals dont le Grand Prix du Festival d’Angoulême en 1975. Il est l’auteur de nombreux chefs d’oeuvre dont Un pacte avec Dieu, New York Trilogie, Jacob le cafard, Le complot, etc… Il a aussi écrit deux ouvrages sur la bande dessinée : l’Art Séquentiel et le Récit graphique, tous deux chez Vertige Graphic.
Aux Etats-Unis, un prix récompensant une bande dessinée porte d’ailleurs son nom.
Will Eisner a vraiment apporté des choses dans le neuvième art.

Revenons sur ce premier volume de cette trilogie  New York. Ici, on s’intèresse à la ville. La narration se fait par objets comme la bouche d’égout ou la borne à incendie ainsi que par des endroits divers comme un perron ou la fenêtre d’un immeuble. Certains passages n’ont  pas besoin de dialogues car tout est dit par le dessin, c’est d’ailleurs une des forces du talent de Will Eisner et puis, il y aussi les dialogues qui sonnent toujours justes et qui touchent là où il faut. Car Will Eisner était un très bon observateur de ses contemporains. Regardez bien ce qui se passe dans ces pages et même si cela a été écrit et illustré il y a quelques années, les sujets sont toujours d’actualité. Le voyeurisme, le chacun pour soi, les différents petits drames qui touchent une ville sont toujours là en 2008. 

J’adore comment Eisner fait ressortir l’émotion par un simple coup de crayon. Prenez par exemple, les pages 36 et 37 avec les voyageurs du métro. Regardez bien ces gens. Oui, regardez encore… Alors ? Vous ne les reconnaissez pas ? Et pourtant, je suis sûr que vous qui habitez une grande ville et qui prenez le métro, vous devriez pouvoir reconnaître ces personnes-là ! Car avoir l’oeuvre d’Eisner, c’est aussi avoir un miroir en main.

Une autre des forces de ses romans graphiques, c’est l’ingéniosité et la facilité avec lesquelles l’auteur se joue de la case. Comme vous pouvez le constater, par moments, la case disparaît et il n’y a plus que le dessin. Et cela marche ! Prenez par exemple le chapitre de la bouche d’égout : vous vous rendrez compte que cette plaque d’égout est le personnage principal de cette histoire. Ou bien prenez l’extrait mis dans la fiche et admirez donc comment il joue avec la conception de la page. Will Eisner a été un grand explorateur de la conception graphique et de la mise en page.

Mais Eisner sait aussi jouer avec nos émotions comme dans ce court récit concernant les issues de secours, où deux femmes et un bébé sont prisonniers dans leur appartement, bloqués par le feu…Il y a aussi de bonnes scènes cocasses, anecdotiques et comiques dans cette oeuvre.
Je passerai des heures à vous conter tout ce qu’il y a dans ce bouquin tant il est riche. Mais bon, il vaut mieux que vous le découvriez par vous-mêmes.

Delcourt propose donc cette nouvelle édition qu’il ne faut vraiment pas rater. Le tome2, L’Immeuble, est prévu en juillet 2008 et le tome 3, Les Gens, fin 2008. A noter que Neil Gaiman écrit sur Will Eisner à la fin de ce livre.

Un chef d’oeuvre qu’il faut absolument lire et à avoir dans sa bibliothèque.
 

Par BERTHOLD, le 4 avril 2008

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