Nico says

Six filles. Six jeunes filles. Et autant d’histoires différentes dans lesquelles la relation sexuelle aura eu une importance capitale. En bien ou en moins bien… Car à la période à laquelle les filles veulent ou sont contraintes de devenir femmes, comment faire la part des choses parmi cette multitude de sentiments qui entrent en jeu ?
 

Par sylvestre, le 1 janvier 2001

Notre avis sur Nico says

Entre jeunes femmes en quête d’amour et adulescentes complètement trash, il n’est pas aisé de se positionner lors de cette lecture. Parce que les premières sont également les secondes, et c’est justement ça sur quoi l’auteure veut nous interpeller.

Nico Says est un recueil rassemblant six histoires différentes et indépendantes (seule la dernière est chapitrée en 3 parties ; c’est elle qui donne son titre au livre). Dans ces histoires, on fait connaissance avec autant de jeunes filles, héroïnes, et avec d’autres personnes aussi, leur entourage, leurs partenaires… Ces héroïnes sont à la charnière entre l’adolescence et l’âge adulte et, s’il est un élément qui symbolise bien le passage de l’un à l’autre, c’est bien le corps. Leur corps. Et c’est ainsi que la mangaka nous bouleverse à nous montrer ces corps et l’usage qui en est fait. Usage, oui : ces corps sont pour certaines la seule chose qu’elles aient l’impression de vraiment posséder. Alors ils en deviennent des armes, des moyens pour s’exprimer. Mais à cet âge, on est parfois maladroit et on glisse vite sur des terrains où on ne maîtrise plus rien.

Jugez-en : ces pauvres filles vivent des passions qui leur font faire toutes sortes d’expériences. On a d’ailleurs la nette impression que l’auteure, Kahori Onozucca, a choisi de décrire des situations mettant en scène un maximum de détails aguicheurs pour donner plus de relief à ses récits. Ainsi, la première fille que l’on va "rencontrer" n’hésitera pas à se jeter dans les bras du premier venu (qui s’avérera être bi) et à se laisser entraîner dans le jeu de voyeurs intéressés. Une autre compensera son mal-être par la pratique de la masturbation, ce qui va la déconnecter de la réalité de ce que peuvent être les sentiments des autres, au point de ne pas savoir lire la sincérité d’un éventuel prétendant. Une autre encore aura connu le viol d’un professeur. Une autre est anorexique. Une autre ne trouvera le vrai réconfort que dans les pratiques sexuelles avec son propre frère… Difficile donc, de savoir comment apprécier ces chroniques qui sont excitantes d’une certaine manière mais aussi tant révélatrices du malaise que vivent ces jeunes femmes. D’autant plus difficile lorsqu’on se rend compte que certaines masquent leur tristesse d’âme par l’abandon de leur personne aux plaisirs auxquels elles accèdent cependant alors qu’on pourrait penser qu’elles voudraient se les interdire…

Nico Says est une lecture dérangeante. A mi-chemin entre le fantasme sexuel et l’horreur de situations qui malheureusement font le quotidien de personnes réelles. On en retiendra donc la fragilité de ces filles qui ont dû ou voulu grandir trop vite. On en retiendra également le respect du regard qu’aura porté sur elles l’auteure tout en ne choisissant pas uniquement le subjectif pour parler du sexe dont l’ombre plane sur la totalité de l’ouvrage.

Pour adultes.
 

Par Sylvestre, le 18 décembre 2007

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