Night Fever

Jonathan Webb est en France pour assister à un grand salon littéraire et vendre ainsi les droits de livres que sa maison d’édition publie aux États Unis. Cela fait des années qu’il répète les mêmes gestes, qu’il croise les mêmes personnes et qu’il ressort les mêmes arguments. Malgré tout, il y a un mystère qui le hante. Dans le dernier livre qui va bientôt sortir, « Alors le feu », l’auteur, Dan Pickett, raconte un rêve qui obsède son personnage principal. Il s’avère que Jonathan fait, depuis longtemps, exactement le même rêve. Il s’interroge sur cette coïncidence, au point de ne pouvoir dormir. Pour se changer les idées, il décide de sortir, d’errer dans les rues, lorsqu’il croise deux inconnus masqués qui se rendent visiblement à une soirée. Sans trop réfléchir, il les suit et pour passer le vigil qui vérifie les identités, il se fait passer pour un certain Griffin et adopte une sorte de personnalité de rechange, pour l’occasion. Jusqu’au moment ou il croise un certain Rainer qui va le pousser à aller toujours plus loin dans son rôle…

Par fredgri, le 19 octobre 2023

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Notre avis sur Night Fever

Ayant décidé de faire une petite pause sur leur série Reckless, Ed Brubaker et Sean Phillips nous proposent cette fois un one shot assez singulier ou l’on retrouve néanmoins leur inimitable style.

Cet homme qui se lance, l’espace de quelques jours, dans un jeu de rôle, pour retrouver en quelque sorte un sens à sa vie, cette illusion que non il n’a pas perdu toutes ces années, que ce grand roman qu’il a toujours rêvé écrire, il est peut-être temps de le vivre, aussi étranges puissent être ces situations ou il glisse bien malgré lui.
L’écriture de Brubaker est toujours aussi juste, entre intimisme et narration sèche, il nous plonge dans les pensées de Jonathan, ses remises en question, ses doutes et ces textes forment le canevas autour duquel se construit absolument tout le récit.

Mais ce qui est intéressant aussi, c’est que tout est vu du point de vue de l’éditeur, ce qui fait que certains aspect de l’intrigue nous échappent, on n’a pas tous les éléments, même si beaucoup de choses se rassemblent à la fin, Brubaker réussit à garder son héros hors de la Grande Histoire. Malgré tout, Jonathan ne fait pas que subir ce qui lui arrive, loin de là. Très vite, il s’adapte, il est même assez surpris par ce qu’il accomplit, la violence dont il peut faire preuve. Le scénario nous embarque dans une histoire assez surprenante, mais avec ce sens des rebondissements ou l’on reconnait bien la patte de Brubaker.

Graphiquement, toujours accompagné par son fils Jacob aux couleurs, que je trouve extrêmement intéressant ici d’ailleurs, Sean Phillips reste fidèle à lui même. Je le trouve, néanmoins plus inspiré par ces ambiances nocturnes, dans des rues françaises, loin des espaces américains dont il a l’habitude. On l’imagine facilement se balader, prendre des photos de repérage, s’attarder, comme dans les deux premières pages, sur des perrons de porte, des silhouettes de chat qui traversent le champ… On retrouve un artiste qui creuse davantage ses plans, ses cadrages. C’est magnifique.

Un one shot que tous les fans du duo sauront apprécier.

Vivement conseillé.

Par FredGri, le 19 octobre 2023

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