NORTHLANDERS (VF)
Le livre islandais

Second volume de cette excellente traduction proposée par Urban Comics.
Nous étions nombreux à nous demander pourquoi cette incroyable série n’avait, jusque là, pas eu les honneurs d’une traduction digne de soi (à part si on excepte les deux petits volumes traduits par Panini en 2011). En début d’année, le premier opus nous avait montré qu’Urban avait décidé de faire fort, cette suite (même si elle présente une répartition assez chaotique des histoires montrées) continue dans la lancée en ajoutant même, en fin de volume, un mini dossier relatant l’histoire de l’Islande, afin de mieux comprendre la cadre de ce qu’on peut lire ici !

On retrouve donc le scénariste Brian Wood en maître d’œuvre de cet univers violent qui laisse néanmoins la place aux sentiments, aux silences, voir même presque à la contemplation. Il faut dire que Wood reste un scénariste atypique qui se concentre sur les personnages, sur les atmosphères, bien plus que sur l’action à tout prix. Du coup, on obtient une lecture aux antipodes de ce qu’on pourrait s’imaginer sur les vikings, sur ces conquérants assez expéditifs qui ne respectaient la plupart du temps que la loi du plus fort !

Mais justement, Wood en profite pour glisser vers des sujets beaucoup plus subtiles.
Qu’il s’agisse de se pencher sur Dag et son équipage qui, perdu en pleine mer, perd la foi en cette aventure, en ces territoires lointain à conquérir… Qu’il s’agisse du vieux Sven confronté au temps qui passe, au besoin de protéger sa famille contre les jeunes stimulés par sa propre légende, par le défi permanent qu’il représente. Qu’il s’agisse encore de cet ermite qui ne veut pas s’immiscer dans les conflits qui animent les clans dans les régions alentours, mais qui va pourtant en payer le prix fort… Ou encore l’incroyable histoire du clan Hauksson… Le scénariste parle donc ici d’un esprit nordique, d’honneur, de la nature et de sa rudesse, de ces hommes qui s’affrontent bien plus pour se prouver qu’ils sont là, qu’ils peuvent conquérir cette terre qui les entoure, qu’ils peuvent s’y installer avec leur famille et qu’ils sauront se protéger. Mais cette terre n’est que l’étape d’un voyage, d’un parcours à la fois intérieur, profond, et d’une vie extrême, sans concession !
Les scénarios ne sont donc pas axées sur l’efficacité, l’action ou les combats, mais bien plus sur les protagonistes et le sens que peuvent avoir les décisions à prendre. C’est à la fois très finement écrit et passionnant d’un bout à l’autre. On entame cette lecture sans en lâcher une goutte, impressionné par la concision du style de Wood, cette façon d’aérer ses intrigues, de synthétiser son propos tout en se donnant la liberté de s’arrêter, parfois, sans donner de suite ! C’est remarquable !

Graphiquement, il est une nouvelle fois accompagné par des artistes très inspirés. Que ce soit Fiona Staples, Davide Gianfelice, Bhecky Cloona, Paul Azaceta, Declan Shalvey ou le grand Danijel Zezelj, tous rendent une très belle copie très personnalisée, complètement en osmose avec les récits qu’ils illustrent. Il y a vraiment une étonnante cohérence d’ensemble, bien que les styles soient bien différents les uns des autres !

Un volumineux album que je vous encourage vivement à découvrir. Du comics passionnant !

Par FredGri, le 22 septembre 2014