Nos espoirs brisés

 
Parce que les étudiants chinois avaient demandé au gouvernement conservateur de Deng Xiaoping d’ajouter la démocratie aux quatre "chantiers d’état" qu’étaient l’agriculture, l’industrie, la défense nationale et les sciences et techniques ; et parce que Hu Yaobang, homme politique, est mort peu après avoir affirmé publiquement qu’il trouvait leur demande légitime, un gigantesque mouvement citoyen a pris corps à Pékin.

En plus de l’ouverture économique, les gens voulaient la démocratie. Alors, sans violence, c’est par centaines de milliers qu’ils ont manifesté pacifiquement pendant plusieurs semaines avant que l’armée les fasse taire dans un effroyable bain de sang.

Lun Zhang était responsable du maintien de l’ordre, côté étudiant. 30 ans après les événements, il nous raconte le "Printemps de Pékin"…
 

Par sylvestre, le 3 octobre 2019

Notre avis sur Nos espoirs brisés

 
On se rappelle tous de ces images montrant un homme se postant devant une colonne de chars et les empêchant de progresser, place Tiananmen, à Pékin, en 1989. Ces images devenues emblématiques étaient "romantiques" en leur genre et dans nos vagues souvenirs, elles étaient le prélude à l’horreur qui a suivi. Mais en rouvrant le dossier, on réalise qu’on avait oublié que les événements duraient déjà depuis 50 jours et que la répression avait déjà commencé, tristement marquée par des massacres commis en grand nombre, la veille, par l’armée ! "L’inconnu devant les chars" n’en ressort donc que plus courageux encore ! Qu’est-il devenu ? Nul ne le sait puisqu’officiellement, jamais on n’a su qui c’était.

En cinq actes, les années 80 place Tiananmen nous sont contées. Le contexte politique est tout dabord rappelé à notre bon souvenir en même temps que Lun Zhang, dont c’est l’autobiographie, se présente et nous parle de ses jeunes années. Puis le calendrier se "resserre" et date après date, chronologiquement, les événements nous sont présentés.

1985, 1987… Au départ, les repères sont des millésimes. Puis les co-scénaristes "zooment" et arrive ce que l’auteur chinois a choisi d’appeler le Jour 1 : le dimanche 16 avril 1989, premier des 51 jours qui nous mèneront jusqu’au 5 juin avant un épilogue abordant le vent de changement qui, parti de Pékin, a soufflé ensuite sur toute la planète en passant notamment par l’Allemagne, la Roumanie, le Chili ou l’Afrique du Sud…

Mis en images par Améziane, ces souvenirs d’un étudiant militant désormais réfugié en France nous font revivre les moments historiques qui ont bouleversé la Chine. Le document est très précis et seulement très légèrement romancé. De nombreux personnages apparaissent et une mini biographie d’eux est à lire en début d’ouvrage. Si les étudiants manifestaient pacifiquement, ils vivaient dans un stress terrible dans leur pays où le régime casse facilement les gens ; jusqu’à massacrer sa jeunesse. Cette ambiance de ferveur angoissée transparait dans le graphisme où des couleurs très sombres règnent. Les textes enfin s’affichent parfois comme de jolis petits pavés mais le lecteur intéressé sera captivé par cette redécouverte d’une histoire qu’on ignorait finalement – comme souvent quand ça se passe loin de chez nous…

Cette BD est un rappel nécessaire pour affûter notre regard sur le monde et mieux le comprendre.
 
 

Par Sylvestre, le 3 octobre 2019

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