NOSTALGIE DE DIEU (LA)
Pour Dieu tapez 1

Marc Dubuisson est un nouvel auteur issu des blogs BD. Dans cette masse de publications plus ou moins intéressantes et pertinentes on voit parfois paraître quelques perles et indubitablement, laNostalgie de Dieu en fait partie.
Dans cet album fondé entièrement sur le dialogue et la réflexion, un homme, alors qu’il s’apprête à commettre l’irréparable (enfin surtout pour lui), alors qu’il se lance dans un dernier monologue sur son sort et la vie en générale où il ne trouve plus sa place, va avoir l’immense surprise d’entende Dieu lui répondre : "Ta gueule".
Le ton est donné, iconoclaste et sans complexe.
Avec ses saynètes en une planche, où il multiplie les gags qui prêtent un peu à réfléchir mais surtout à rire et à sourire, Marc nous entraîne avec hardiesse sur le chemin de l’humour irrévérencieux.Si la critique est acerbe, le ton est jubilatoire, il y a du Desproges chez Dubuisson.
Il joue avec les mots, jongle avec les concepts et dynamite les dogmes.
Le langage de Dieu est leste, imagé et fleuri. Il égratigne avec férocité et une jouissance non dissimulée les hypocrisies de la religion, quelle que soit la confession d’ailleurs.
Il se fait une joie de décortiquer ce qu’est devenue sa création à chaque remarque du petit homme. Tout le monde en prend pour son grade, les hommes d’abord, le clergé ensuite. La palme revenant aux extrémistes de tous poils et toutes confessions.
Mais ce genre de dialogue a son revers et Dieu fini lui-même par se poser des questions sur sa santé mentale (mais ceci est une autre histoire).
Avec son humour acide et ravageur, Marc Dubuisson nous offre des planches vivifiantes pour l’esprit. Ses remarques percutantes et ses bons mots à foison risquent peut-être de choquer les puritains mais quel délice que cet album.

Le dessin qui n’est pas sans me rappeler la Linea de Cavandoli, est très parlant. Son bonhomme fil de fer multiplie les expressions pour accompagner les échanges verbaux.
Tout le corps participe à cette gestuelle, les sourcils, les bras le buste pour faire ressentir la stupeur ou l’accablement devant l’athéisme forcené de Dieu.
En alliant les postures de mime à des dialogues impertinents, Marc Dubuisson nous offre ici un album décapant et réjouissant.

Par Olivier, le 3 juin 2010