Not all robots

On a l’habitude, maintenant, de voir Mark Russell arriver avec des projets qui nous interrogent sur notre rapport au monde, à la société, à la richesse (Billionaire Island), voir même à la religion (Le retour du messie). Pour ce nouveau volume, il se tourne vers le lien qui nous unit à la technologie et la servitude implicite qui en découle, quitte à progressivement perdre une part de notre humanité au passage.

Russell ne vise toutefois pas le transhumanisme, ni même le concept de l’humain augmenté, il est bien question de dresser le portrait d’une humanité qui voit sa propre hégémonie remise en question par sa création, tout en acceptant, sous couvert d’évolution, de "liberté", de se soumettre à ce nouvel ordre des choses.
Les personnages de l’histoire arrivent à un point ou cette oisiveté dont ils profitent allègrement commence à leur peser, ou ils ouvrent les yeux sur le fait qu’ils ont finalement perdu leur libre arbitre pour s’être eux même choisi des maîtres tout puissants. En parallèle, les robots ont acquis un degré de conscience qui leur fait réaliser l’inutilité de cette humanité réduite, en fin de compte, à un ensemble de bouts de viande ingrats et inutiles qu’on entretient dans des maisons, qu’on protège dans des cités bulles pour les empêcher de autodétruire eux-même.

Le constat de Russell est très dur sur l’état de ces êtres humains qui peinent à prendre conscience de leur servitude, et sur leur rapport à la technologie "rassurante"…

Un scénario assez habilement construit, même s’il manque quelque peu de finesse dans les formulations. Ceci dit, je souligne la pertinence de la démonstration qui permet de se poser pas mal de bonnes questions sur ce que nous sommes et sur ce qui nous attend si nous ne faisons pas attention.

Un album très conseillé !

Par FredGri, le 19 février 2023