Nuit couleur larme

Teresa est libraire, elle s’est spécialisée dans les livres sur l’occultisme, le fantastique et écrit dans son fanzine d’horreur. Un soir, elle décide d’aller tenter d’invoquer un démon « pour voir » et se retrouve soudain avec un génie nommé Laura, amatrice d’animés et de mangas. N’arrivant pas à formuler le souhait qui pourra la débarrasser de Laura, Teresa doit désormais cohabiter avec elle. Pendant ce temps, d’étranges disparitions se multiplient en ville, tandis qu’une forme énigmatique semble observer la jeune libraire…

Par fredgri, le 23 juillet 2023

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Notre avis sur Nuit couleur larme

Pour peu que vous ayez lu, en 2019, l’excellent Black Holes du même auteur, toujours chez Dargaud, vous connaissez certainement le talent de narrateur et la maîtrise des cadrages de Borja Gonzalez qui font partie intégrante de son écriture, tant scénaristique que graphique.
Et même si l’on ne peut que trouver la filliation avec Mignola évidente, on se rend vite compte qu’il la dépasse largement pour développer son propre style, fait de silence, de pages muettes, de formes, d’ombres… C’est absolument sublime.

Car le premier contact avec ce nouvel album est une nouvelle fois pictural. On entre lentement dans l’histoire en écoutant les voix, avec une séquence assez lente ou Gonzalez joue très adroitement avec une sorte de long travelling à travers le paysage, en suivant une feuille volante qui vient ensuite se fixer sur un bout de mur, à côté de la librairie de Teresa ou l’on entre pour retrouver la jeune femme qui discute inlassablement avec Matilde, sa plus régulière cliente.

Teresa est une personne qui doute beaucoup d’elle, qui pense être satisfaite de sa vie, mais qui, finalement, a perdu la volonté de se projeter, de changer ce qui l’entoure. Quand Laura lui pose la question, elle ne sait pas quel souhait faire.

Néanmoins, il plane sur l’ensemble de l’album un vrai mystère sur la nature même de ce que nous lisons, sur Teresa, sur le rapport qu’il peut y avoir avec cette série de disparitions, d’autant que la fin reste assez « déconcertante ». On n’a donc pas toutes les réponses, il faut réfléchir, tenter de saisir les fils que nous tend l’auteur et peut-être simplement accepter de se laisser porter par l’étrangeté de cet album hypnotique et fascinant !

Une très belle découverte qui laisse, toutefois, pantois. Pour lecteur amateur de petites frustrations.

Par FredGri, le 23 juillet 2023

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