Odiles et les Crocodiles

Chantal Montellier est une auteure qui ne mâche pas ses mots et qui se sert de son talent de dessinatrice et de narratrice pour dénoncer des faits cruels et criminels qui se passent dans le monde et qui remplissent les colonnes « faits divers »des journaux.

Avec « Odile et les Crocodiles » le thème abordé est celui du viol, de la suite psychologique pour l’agressée, de la réaction masculine et de la société en général par rapport à ce crime. 

Evidemment, cette bande dessinée est un hurlement ! Un hurlement d’attaque ; un hurlement de défense qui tape là où ça fait mal parce que sinon à quoi bon prendre autant de risques ? Le style réaliste de Chantal colle parfaitement au thème, un trait style humoristique comme celui de Florence Cestac par exemple aurait arrondi les angles …. Alors que le but est de tirer au centre de la cible comme Odile et son arme blanche. Pas de scènes exhibitionnistes, que des mots, des suggestions, des ellipses qui relient l’imaginaire du lecteur aux propos de l’auteure. D’ailleurs pour ne heurter personne, l’ellipse devient parfois un viaduc…Tant mieux, elle sait s’adresser à tous les publics sans chercher forcément l’électrochoc. 

Reste que tout le monde en prend plein son grade, les curés, les flics, les femmes aussi, celles qui sont féministes militantes, celles que l’on nomme « Les Chiennes de Garde », la justice, et bien sûr les hommes !

Seule rescapée de l’histoire : l’écriture. L’écriture de l’héroïne qui raconte sa vie, l’écriture d’un bel intello blond,… les mots sauvent leur peau sous le pinceau de Chantal Montellier, ils sont aussi le fil rouge de la reconstruction de l’héroïne jusqu’à un certain point. Malgré la difficulté du sujet, il y a beaucoup d’espoir sur l’avenir de l’humanité ! C’est époustouflant !Voilà donc un album particulièrement efficace dont je recommande la lecture pour connaître un peu plus cet auteur de talent qui continue de se battre pour que la bande dessinée d’auteure féminine ait les mêmes « laissez –passer » que celle des hommes. J’ajoute que l’album est préfacé par une femme : Anne-Marie Schropff.

Bravo Chantal !

Par MARIE, le 17 novembre 2003