On va tous crever

On pourrait facilement passer à côté de ce sympathique album, sans prétention, qui se révèle pourtant une très agréable surprise.
On va tous crever marque les débuts de Tobias Aeschbacher, et même s’il faut reconnaître quelques tâtonnements deçi delà, on tombe assez vite sous le charme de ce méli mélo quelque peu borderline et son lot de personnages bien barrés. Qu’il s’agisse du jeune couple de braqueurs qui fantasme sur ses prochains coups, le proprio qui filme en cachette la jeune femme sous sa douche, les deux fumeurs de joints qui cultivent en cachette leur cannabis dans leur cagibi, le tueur à gage qui parle à son chat, la prostitué qui accepte de servir de cobaye à un inconnu ou le couple de petits vieux qui se prépare son dernier repas, tous ont une histoire, une personnalité qui rajoute au scénario une vraie texture.

L’écriture est légère, pleine d’une sorte d’humour froid ou l’on sent bien que l’auteur aime les mots, les dialogues qui glissent tout seul, avec naturel, mais surtout qu’il aime s’attarder sur ses personnages, même ceux qui ne font que passer. De plus, tout l’intérêt de l’album vient de cette alchimie entre les scènes, les éléments de transition, tout ce qui lit les appartements entre eux, les petites pannes d’électricité, les coups de feu qui intriguent un peu tout le monde, tout ce qui va progressivement créer une intrigue qui nous captive assez habilement.

Graphiquement, c’est peut-être moins abouti, surtout dans les cadrages ou la finition, mais gageons qu’avec de l’expérience, tout ça va s’affiner.

En tout cas, pour un premier essai, il est convainquant à plus d’un titre. Tobias Aeschbacher, un nom à surveiller de très près.

Très conseiller.

Par FredGri, le 19 février 2024