ORACLE
L'esclave

Juste après trois petits mois d’attente, la nouvelle série-concept dirigée par Jean-Luc Istin se voit augmentée d’un deuxième volume qui abandonne à son sort la fameuse Pythie pour se focaliser cette fois-ci sur la destinée tragique d’un monarque Thrace. Conformément à l’idée générale de la saga, cet ouvrage réalisé par Ronan le Breton et Bertrand Benoît, nous renvoie dans les ambiances mythologiques d’une nouvelle vengeance perpétrée par un mortel sur les dieux de l’Olympe.

Avec cet épisode qui constitue en soi une histoire complète, l’on découvre un fil conducteur entre les tomes qui se veut personnifié par la rencontre entre un vieil aveugle, conteur de légendes olympiennes de son état, et un personnage illustre, Homère. Ce lien entre les deux hommes qui va se renouveler à différentes époques, est donc l’occasion de faire émerger les fameuses légendes dont se nourrit la série. Celle qui nous intéresse ne manque assurément pas, comme la précédente, de panache puisqu’elle se rattache une vengeance d’un demi-dieu sur un dieu (et pas n’importe lequel puisque c’est Zeus, le dieu suprême).

A cet égard, Ronan le Breton a trouvé la juste verve pour rendre son histoire viscéralement entreprenante, l’emplissant favorablement de drame, de souffrance et de violence extrême. La destinée d’Akilon qui débute dans sa prime jeunesse suit un parcours sans appel, semé de pleurs, de sang et de vengeance et très atypique puisqu’il passe de statut de prince à brigand, puis de roi à esclave. Cet amalgame plonge le lecteur dans un univers mythique surdimensionné dans lequel l’homme peut être en contact avec le divin et même le combattre. Il en ressort une équipée à la Conan le barbare, électrisante, portée par une intensité scénaristique associée à une brutalité revancharde potentiellement addictive.

Après son intervention dans Les chroniques d’Arawn (il a réalisé le dessin dans le tome 2), Bertrand Benoît retrouve son scénariste de prédilection pour les besoins de cet opus. Il ne fait aucun doute que pour un deuxième album grand public, cet artiste démontre haut la main ses capacités d’illustrateur. Assurément inspiré du style de Frank Frazetta, son trait étoffé nous livre un univers violent et sombre porté par des hommes puissamment charpentés. L’on lui concèdera au passage la poésie de certains de ces décors et la chaleur de sa palette de couleurs qui ne manquent pas de contraster efficacement avec la quête revancharde ambiante.

Un deuxième opus fantastiquement et mythologiquement puissant, qui se veut de qualité égale au précédent et qui a le mérite de donner à la série concept un intérêt général des plus bénéfiques. A suivre donc !

Par Phibes, le 15 mai 2014