ORIGINE DES CONTES (A L')
La Barbe Bleue

Tous les contes ont une origine, populaire, historique. On a longtemps prétendu que Perrault s’était inspiré d’Henry VIII pour écrire son conte Barbe Bleue, Philippe Bonifay a une toute autre version, encore plus sombre, encore plus noire sur les origines de La Barbe Bleue.

Par olivier, le 20 octobre 2013

Publicité

Notre avis sur ORIGINE DES CONTES (A L’) # – La Barbe Bleue

L’histoire commence où elle finit, dans un cimetière où Charles Perrault viens sur la tombe de son frère jumeau décédé peu de mois après leur naissance. Il vient lui raconter la genèse d’une histoire qu’il vient d’écrire, un conte noir et cruel.
Dans leur enfance, les Perrault habitaient une demeure qui, 300 plus tôt abritait une famille de notables. Lors de la grande peste de 1350, toute la famille fut décimée. Seuls survécurent deux frères, deux jumeaux. Jean, craintif, se précpitat dans la prière et remis son âme à Dieu, Marc courageux dans son désespoir et sa colère renie Dieu qui, pour se venger de l’un et protéger l’autre posa sa main sur eux.
Si le premier était d’une grande beauté, l’autre, maudit était d’une grande laideur, effrayant. Jean devint alors l’instrument de Marc, son ombre maléfique.
Artistes, peintres et sculpteurs, leurs revenus leur permettent d’expérimenter, de rechercher, d’apprendre. Pour les femmes, Jean devient le pourvoyeur de Marc, au visage repoussant, défiguré. Les subterfuges sont nombreux pour que les deux frères échangent discrètement leur place à la faveur de l’obscurité et que le maudit puisse prendre son plaisir jusqu’au jour où il est démasqué par une jeune fille.

Tout le drame se joue autour d’un monument, un mausolée à la mémoire de la famille des deux frères et autour de ce point central, Philippe Bonifay élabore un récit noir, une intrigue méticuleusement construite qui nous entraine de Paris en Afrique, dans un conte où la folie de l’homme est marquée du sceau de Dieu,
La tension monte crescendo, suivant le récit de Charles Perrault, narrateur vieillissant qui ne supporte plus de garder pour lui ce qui est à l’origine de son conte, un journal trouvé dans le grenier de sa maison d’enfance.
C’est un écrit brulant, torturé, relatant la vie des deux jumeaux, entre l’ombre et la lumière.
La relation fusionnelle des deux frères va entrainer Jean dans une spirale terrible, une succession de meurtres dont la finalité explose à la fin de l’album, surprenant le lecteur par la noirceur du dessein. Alors même que, depuis le début de l’histoire, Philippe Bonifay a semé des indices, visuels et textuels qui pourraient allumer l’intuition du lecteur mais le récit est tellement dense, son architecture aussi soigneusement élaborée que l’on se laisse prendre par le récit ténébreux et cruel.

La mise en image de Stéphane Duval, dont nous avions beaucoup apprécié le Gitan des mers, apporte au scénario, une vie, un mouvement qui entraine les personnages vers un dénouement tragique et rédempteur.
80 planches où l’action et la passion fusionnent, où les sentiments qui animent l’âme humaine, qu’elle soit blanche ou noire, éclosent et se développent sous le crayon de l’artiste.

Tout simplement Superbe !!!

Par Olivier, le 20 octobre 2013

Publicité