Palomar

(Love & Rockets 1 à 50)
A Palomar, il fait chaud, les rues résonnent des pas des gamins qui courrent, les filles sont belles et pleines de caractère, les jeunes hommes restent dans un coin à lambiner et regarder la belle Tenantzil traverser la rue jusqu’à chez elle.
Les rumeurs, les histoires que l’on se raconte à Palomar varient selon les narrateurs, enflent et se contractent, elles dessinent un village perdu entre deux lignes noires sur un plan, elles donnent forme à quelques amis qui se chahutent, se battent pour une fille et retournent boire une bière ensemble.
A Palomar, tous grandissent, font leur vie, se marient, ont des enfants et ces derniers suivent les pas de leurs aînés.
Puis Luba emménage, elle marche lentement dans la rue, les hommes sont troublés, quelle silhouette. Et Chelo, la robuste shérif, surveille tout ce petit monde. Manuel explique à Heraclio comment il faut séduire les femmes. Et Carmen crie, sert les poings, sautille. Et sur la ville, les gens, les rues, un petit vent chaud se lève, fait trembler les mini-jupes et tous se retournent.
Bienvenue à Palomar…

Par fredgri, le 25 août 2014

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Notre avis sur Palomar

En découvrant Palomar City je suis entré dans un lieu entre la BD et une littérature brute de décoffrage, instinctive, pleine de non-dits, de rumeurs, d’histoires dans l’histoire, une BD vivante qui respire et s’étend lentement…
Avez-vous lu 100 ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez ? Ce livre nous raconte l’histoire d’une famille dans un village paumé, c’est truculent et étonnamment vivant. Dans Palomar City nous retrouvons la même verve, cet art de la situation, cette façon de dépeindre un ensemble de personnages à la fois très attachants, mais subtilement humains. Cette matière c’est le sang de cette ville, cette force qui anime chaque habitant, qui les pousse à rester, à faire la fête, à craquer pour l’une et repousser l’autre. Traverser une rue de Palomar c’est croiser un condensé d’humanité où tous ont un caractère à couper au couteau, où tous s’observent du coin de l’oeil !
Alors, ça n’est pas une histoire précise, on se laisse mener par le bout du nez, on suit les digressions, on rencontre un personnage, on le perd de vue, on le retrouve quelques années plus tard, il a grossi, il s’est marié, il a un enfant et il se souvient, se souvient encore de cette nuit passée dans les bras de Luba…

Gilbert Hernandez est, avec ses frères Jaime et Mario, l’un des co-fondateur du comics culte "Love and Rockets" qui fascine tous ses fans depuis les années 80. Des trois, c’est certainement celui qui a su le plus intelligemment lier à la fois un magnifique graphisme bien personnel et une vraie vision du monde qui l’entoure. Certes c’est moins linéaire que ce qu’a fait Jaime dans son coin (Locas), c’est moins esthétisant aussi, mais progressivement son trait s’assure et surtout son univers prend un relief passionnant (à lire d’urgence ces histoires où il fait parler les principaux protagonistes un par un, ou encore ou il croise les voix, ou il représente les personnages, puis il y a les derniers chapitres se passant plus de 10 ans dans le futur… Une vraie leçon de BD, de narration, un régal !).
Les personnages prennent vie, on est fasciné par cette Luba aux atouts énormes qui fait fondre tout les mâles de la ville, qui accumule les enfants, qui traîne son incroyable silhouette dans toute la ville. Il y a aussi la splendide Pipo qui séduit dès ses 10 ans, sans oublier Tonantzin, Carmen, Israel, Manuel, Vicente etc. Chacun a son histoire, ses erreurs et surtout cette vie qui transparait de chaque planche.

Seulement 40$ pour plus de 500 pages de pur bonheur, une plongée dans une oeuvre qui a complètement chamboulé le monde de la BD à ce moment là. Un énorme recueil qui rassemble tout les épisodes publiés dans les L&R, première série (traduit en France sous forme de deux albums publiés au Seuil !). Une incroyable fresque urbaine qui reste encore la meilleure occasion de découvrir ce travail de longue haleine, de nous laisser séduire par ces amours, par ces filles étourdissantes, par ce chef d’œuvre absolu de la BD !!!

Par FredGri, le 25 août 2014

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