Panorama de l'enfer

Un artiste dément, inspiré par l’horreur, peint avec sang et fureur 13 tableaux représentants l’apocalypse.
Conçu au moment de l’explosion atomique sur Hiroshima, l’artiste né difforme comme des milliers d’autres nouveaux nés, à cela près que lui va exhiber les monstruosités issues de cette terrible attaque aérienne qui va définitivement défigurer le monde géographique et humain. La face du monde comme la face des hommes oscille entre l’oraison funeste et la morbidité et c’est ce panorama qu’il veut montrer.
Alors l’artiste fait sauter les têtes, s’automutile et, faisant gicler le sang, jette un regard critique et noir sur le monde tel qu’il est devenu, c’est à dire l’enfer post atomique, post humain.
Sa fresque aura le goût, l’odeur et la couleur du sang et se termine dans l’apocalypse !

Par MARIE, le 1 janvier 2001

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Notre avis sur Panorama de l’enfer

Parmi les mangas d’horreur, Panorama de l’Enfer a une tonalité un peu à part.
Bien que le tableau soit particulièrement gore, l’auteur parle avec véhémence de cette atrocité qu’est le désastre commis par la bombe atomique sur Hiroshima.
On peut tout envisager dès lors que l’homme est cruel au point de faire disparaître des milliers de personnes en un éclair. Ce bref instant atomique ravage sans alternative. Il anéantit sans jugement et massacre à tour de bras tout ce qui passe là.Gratuité absolue, la face du monde n’a plus qu’à se cacher.
Hideshi Hino semble profondément meurtri par cette horreur qui l’obsède et qui rend particulièrement macabre sa vision des choses, des gens et de la vie. La vie dans cette souffrance, à quoi bon ?
Alors il dessine des atrocités. Sa réaction est violente. Il faut s’accrocher pour lire cet album car c’est assez insoutenable. Pourtant, l’ingéniosité de l’auteur ou sa folie, l’emmène souvent vers l’absurde et le surréalisme.
Le deuxième degré qu’on lui prête, aide alors à digérer, ce qui n’est pas possible, par exemple, dans «Gen D’Hiroshima» de Keiji Nakazawa qui reprend les mêmes scènes horribles montrant des vers sortant des corps. Mais cette fois, l’auteur, également témoin de la formation et de l’explosion du champignon, dessine de façon moins outrancière et finalement le choc est plus vif.
Hideshi Hino caricature au point de devenir parfois grotesque mais son dessin assez charismatique attire la curiosité.Tour à tour, on approche et on s’écarte.
Ce manga m’a demandé un réel effort de lecture et pourtant il est fascinant. Cette œuvre à part mérite d’être retenue mais attention, elle ne doit pas être mise entre toutes les mains. Hideshi Hino est sans doute quelqu’un de passionnant, qui aime provoquer. Malheureusement sa façon de s’exprimer évoquant sans cesse le rapport de force en rebutera plus d’un.
C’est dommage ! Derrière ce spectacle se cache une vérité sans doute trop douloureuse à dire telle quelle mais qui, une fois mise à nue, présenterait l’auteur de façon plus modérée.
Le travail torturé et génial du héros se rapproche aussi de l’extraordinaire « Guernica ». Même format rectangulaire et démesuré de cette oeuvre de Picasso évoquant lui aussi un bombardement (bombardement en Espagne du 26 avril 1937 – œuvre nommée également « Massacre des innocents » ).
Pour conclure, l’auteur cherche à dessiner la fin du monde ; et ses compositions figuratives sans espoir, mais dessinées avec talent et précision, laissent un sentiment étrange. On est dérangé, certes, mais on aime quand même ! Pour public averti, à lire avec précaution.

Par MARIE, le 25 novembre 2004

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