PAPIER
Volume 1

Voilà, le paysage de la BD s’enrichit actuellement de quelques tentatives pour relancer des "revues" anthologiques. On a actuellement droit à La Revue Dessinée, à ce Papier et bientôt à Arggh! L’esprit diffère selon les cas, et ici les ambitions affichées sont bien plus modestes et plus proches de ce qui est habituellement proposé dans le label Shampooing de Delcourt.
Mais tout de même, le leitmotiv de la revue reste "Une vraie envie de s’amuser, d’expérimenter, de lâcher prise en BD"… Alors…

Je viens donc de finir de lire ce premier Papier, et, oui, c’est assez inégal, mais au fond je trouve l’ensemble plutôt sympathique. Ca se lit vite, ça n’est pas transcendant, c’est vrai, mais qu’importe… On garde le sentiment qu’il s’agit avant tout d’un collectif qui permet à un groupe d’auteurs plus ou moins connus de s’exprimer avec plus ou moins d’inspiration autour d’un thème assez vague, vaguement fédérateur.
Après, bien sur, on commence par les "locomotives" qui vont entraîner les lecteurs vers la suite, qu’il s’agisse de Bastien Vivés ou Lewis Trondheim ils balisent le terrain dès le début.

Le récit de Vives m’a assez plu en fait, assez étrangement, car je ne suis plus du tout fan du bonhomme et de son travail, mais là cette histoire fonctionne, avec ce qu’il faut d’éléments intrigants, de petites caractérisations et d’idées porteuses, il y a juste la fin qui me laisse perplexe, je la trouve assez bancale, on ne sait pas ou est passé le gamin ni quel est le propos, en fin de compte. Puis graphiquement, on a encore du Vivés qui ne se creuse pas trop, malgré quelques très belles petites trouvailles deçi delà… Les planches de Trondheim ne proposent pas de la grande originalité, on reste dans du récit quotidien, des blagounettes entre potes, mais j’ai bien rigolé, ça remplit son rôle de détente, c’est agréable, c’est largement suffisant. L’histoire de Dylan Meconis propose un récit plus "expérimental", avec une construction narrative vraiment intéressante. Une très habile transposition de l’univers de La Fontaine, vraiment intriguant !
Jean Bourguignon ne m’a pas plus accroché que ça, pour être honnête, avec parfois des sous entendu malsains qui ne m’ont même pas fait sourire. Bof ! On passe ensuite très rapidement sur l’histoire du Général Lapin qui se frite avec un serpent géant, mouais, c’est beau, mais c’est tout ! Pour "Pan , dans les dents de lait", c’est étrange, car on a l’impression que c’est complètement dénué d’émotion, un comble pour une histoire qui traite de l’oubli, de l’enfance, des jouets !
J’ai beaucoup aimé Pet Killer, une captivante parodie du Silence des agneaux, très bien écrite et dessinée avec beaucoup de finesse. On aurait presque envie d’en voir plus, et pourquoi pas sous forme d’album, carrément. Grégory Panaccione est clairement un auteur à surveiller de très prêt !
Le volume se conclue avec deux histoires qui se laissent lire, mais c’est tout ! Je reconnais que "Sale Clebs" amène de très bonnes idées, de l’émotion et une réflexion sur la vie, sur soi intéressante, c’est juste qu’à aucun moment on ne s’attache aux personnages et on a tendance à décrocher un peu ! En dos de couv on a tout de même le plaisir de trouver un petit strip de Delisle, sur Hergé, très sympa et bourré d’humour !

Donc en effet rien de bien exceptionnel, même si j’ai passé un bon moment de lecture tout de même… Cela reste de la détente, du plaisir de la BD et rien que pour ça Papier mérite qu’on s’y penche !
Après, ça ne coute que 10 €, un manga, alors pourquoi pas !

Par FredGri, le 23 septembre 2013