PAPIER
Volume 6

Voilà, l’expérience Papier est finie, ce dernier volume se parcourt donc avec une petite pointe de tristesse, car plus on avançait plus la qualité et la personnalité des auteurs s’affirmaient, et ce depuis le début !
Du coup, il faudra en effet compter sans ! Et c’est bien dommage, car justement le monde de l’édition avait besoin de ce petit espace d’expérimentation, de liberté qui permettait de retrouver des auteurs particulièrement libres de produire ce qu’ils voulaient. Ce qui a donné pas mal de très bons récits. On aurait peut-être attendu davantage de délires formalistes, c’est vrai, mais en contre partie je trouve que le format était idéal pour produire des histoires de plus longue haleine !

Ce volume commence d’ailleurs avec une histoire de Marc-Antoine Mathieu qui joue très adroitement avec la langue de bois en rigueur dans les médias. Il évoque un certain évènement sans qu’on n’en sache davantage, chacun s’évertuant à en parler sans en dire plus, sans prendre partie, en sortant toutes les phrases bateaux habituelles. Le principe est intéressant, même si à la longue on finit par passer assez rapidement sur les textes rébarbatifs au possible !
Trondheim reste assez fidèle à lui même, c’est sympa, léger et c’est suffisant ! "La fourchette d’or" est bien tourné avec une conclusion qui renvoie vers les nombreux sites d’opinion qui pullulent un peu partout ! "Mutato" part un peu dans tout les sens, c’est presque du grand n’importe quoi, mais malgré tout, malgré même le dessin assez maladroit c’est certainement l’une des histoires qui m’ont le plus captivé du lot, c’est dire combien parfois on peu être happé sans trop comprendre pourquoi !!!
Les quelques planches de Li-An sont habiles et intéressantes. Les planches de Fortu, par contre, m’ont laissé complètement indifférent, ces cases extrêmement froides ne m’ont pas parlé une seconde !!! De même que le petit récit de Sfar ou il revient pour la sempiternelle fois sur ses thématiques identitaires qui tournent un peu en rond !

Par contre, gros coup de cœur pour "Ghostology" et "Cendre" !
Deux récits bien différents, mais possédant deux personnalités bien marquées passionnantes !
D’une part, on a Fumio Obata, un auteur japonais qui livre quelques planches magnifiques ! Une pointe d’intimisme avec un peu de fantastique agréablement distillé ! Très recommandé !
Ensuite, on a Grégory Panaccione qui nous propose un étrange récit de voyage dans le temps. C’est intrigant, mais incroyablement captivant !

Un bon numéro final, en fin de compte, qui finit en beauté une belle expérience éditoriale que je vous conseille de redécouvrir dès que possible !

Par FredGri, le 11 juillet 2015