Partie de chasse
Une partie de chasse est organisée au début des années 80 en POlogne. Elle réunit une dizaine de dignitaires des régimes du bloc soviétique. Chacun représente un courant, une influence, un pays, une sensibilité. Chacun a son histoire, faite de putsch, de remaniements, de goulag ou de guerres. Alexandrovitch est un des plus vieux et des plus respectés d’entre eux. L’accompagnent son confident et traducteur, et un jeune étudiant qui se destine à remplacer ce dernier. Lors de leur voyage en train, le vieux traducteur initie son acolyte à l’histoire tourmentée d’Alexandrovitch. (première édition 01/1983. Edition de 2000 agrémentée d’un supplément inédit intitulé "épitaphe")
Par TITO, le 1 janvier 2001
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Scénariste :
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dessinateur :
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Éditeur :
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Sortie :
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ISBN :
2731612770
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2 avis sur Partie de chasse
Partie de chasse est un huis-clos politique, un polar pré glastnotz, une construction scénaristique autour d’un seul événement : la partie de chasse à l’ours finale. On y retrouve beaucoup des ingrédients des « phalanges de l’ordre noir », mais là où ce dernier album s’intéresse aux révolutionnaires de l’Europe occidentale, « Partie de chasse » est une plongée dans le monde des dignitaires du régime de l’est. « Les phalanges » nous promène sur plusieurs années au travers de l’Europe, « Partie de chasse » respecte la règle des trois unités (lieu : un manoir, temps : deux jours, actions : une partie de chasse). Mais dans les deux cas, la même nostalgie, les même regrets, les mêmes interrogations sur les moyens, la justesse de la cause, les erreurs passées, les tentations de la vie occidentale.
Le scénario est extrêmement documenté, en témoigne le carnet final (« Bilal et Christin ont éprouvé le besoin, après l’éclatement du bloc soviétique, de retrouver ainsi la trace de certains de leurs personnages survivants d’un monde finissant » nous apprend le quatrième de couverture). Cependant les plus jeunes d’entre nous, ou ceux qui ne sont pas familiarisés avec l’histoire contemporaine, risquent d’être un peu noyés. Il est en effet utile de posséder quelques connaissances sur la construction et les déchirements du bloc soviétique pour apprécier au mieux cet ouvrage. Cependant c’est un moyen rêvé, alors que l’on « célèbre » le cinquantenaire de la mort de Staline, de se replonger dans la période.
Quelle que soit sa complexité, « Partie de chasse » repose sur un scénario haletant, des personnages taillés dans le marbre du caucase, un suspens et un rythme dignes des meilleurs livres noirs, et surtout un graphisme incroyable. L’omniprésence du sang, noyant les souvenirs, inondant les paysages, jaillissant puissamment de chaque recoin, accompagnant le trait incomparable de Bilal, donne à cet ouvrage une force symbolique certaine. A ranger, en compagnie de pas mal de Bilal, et bien sûr des « phalanges », au rayon des grands classiques.
Par TITO, le 5 mars 2003
Souvent associé aux Phalanges de l’ordre noir, Partie de chasse n’a en commun avec cet album que son thème : le questionnement sur le communisme (stalinien) et la trahison qu’il porte en lui par rapport à l’idéologie marxiste dont il est issu.
Pierre Christin nous emmène dans les hautes sphères du pouvoir et encore une fois son regard est percutant de justesse. Avec aisance il construit un scénario qui tient le lecteur en halène et met en scène des personnages au relief fort, tout en le poussant à réfléchir. Partie de chasse c’est une atmosphère presque en huis clos, oppressante, où la froideur de l’hiver septentrional nous glace les os. Partie de chasse c’est des hommes confrontés à leurs idéaux et y faisant face de manières bien différentes… Vassili Alexandrovitch Tchevtchenko est un personnage au mutisme lourd de sens et symboliquement fort intéressant.
Côté dessin, Enki Bilal se surpasse. Il dépeint avec force les paysages enneigés et saisi avec émotion et expressivité les états d’âmes des différents personnages. Son trait est un peu plus « fuyant » et ses couleurs plus « lissées », on perçoit déjà l’évolution de son dessin qui atteindra son apogée avec La Trétalogie du Monstre. J’aime vraiment aussi le sens de la mise en scène de Bilal sur cet album.
Avec son épitaphe (ajouté pour la deuxième édition en 1990, la première datant de 1983) Partie de chasse est une fois de plus un constat amer et cinglant sur la déchéance d’une idéologie au départ voulue pour le bien des peuples.
Un grand classique de la bande dessinée devenu aujourd’hui un véritable incontournable !
Par melville, le 23 août 2010