PAX ROMANA (VF)
Constantin

(Pax Romana 1 à 4)
Dans un futur lointain, "le Pape génétique de l’église unifiée" est désormais un clone constitué à partir d’extraits d’ADN issus de 1026 Saints-Hommes et Saintes-Femmes. Il vient trouver le très jeune Empereur Constant IV, âgé de 4 ans, afin de lui raconter l’histoire de la civilisation et plus particulièrement en quoi la découverte du voyage dans le temps, en 2053 a changé définitivement les choses.
Ainsi, grâce aux expériences des scientifiques travaillant pour le Vatican, il est mis au point la première machine à voyager dans le temps. Après quelques discussions il est décidé d’envoyer une troupe de mercenaires en 312 juste avant l’affrontement du César Constantin avec les troupes de l’Auguste Maxence, afin d’interférer avec l’histoire et de favoriser l’expansion de l’église, le tout chapeauté par le cardinal Pelle. Mais le chef des mercenaires, le général Nicholas Chase, élimine le cardinal avant qu’il puisse avoir élaboré un plan et décide de prendre les choses en main pour changer l’histoire à sa façon…

Par fredgri, le 6 février 2014

Notre avis sur PAX ROMANA (VF) #1 – Constantin

D’emblée Pax Romana se présente comme une œuvre à part, exigeante et complexe. Car Jonathan Hickman entraîne le lecteur dans un voyage révisionniste dans le temps, afin de réécrire l’histoire, de remodeler le monde. Le propos est très ambitieux, d’autant que le scénariste artiste s’est particulièrement bien documenté sur le règne de Constantin et les enjeux politico-sociaux qui en ont découlé.

Il faut donc suivre dès le début l’afflue d’informations, de données précises sur les uns et les autres, sur le cadre futuriste et sur les détails du plan qui va se dérouler sous nos yeux ! Malgré tout, Hickman se prend un peu trop vite à son propre jeu en se concentrant bien plus sur les discours que sur les faits eux même. Les personnages passent beaucoup plus de temps à parler, à établir leur théories, leurs plans qu’à réaliser sous nos yeux leurs objectifs. Et ce sentiment d’esbroufe intellectuelle est renforcé par l’omniprésence des effets graphiques qui envahissent beaucoup trop l’espace, au détriment de la lisibilité, à grand renfort d’incrustation de textures, de coups de pinceau, de signes posés en fond ou en surimpression sur les personnages.
Ce qui est d’autant plus dommage car le récit aurait vraiment gagné à être plus clair, plus lisible, avec un vrai storytelling moins parasité tout du long. Après tout, le postulat de départ est passionnant et propice à des pistes très intéressantes et riches de possibilité !
C’est d’autant plus préjudiciable que le texte introductif vante les qualités de visionnaire d’Hickman, allant même jusqu’à le comparer avec des gens comme Moore, Miller…

Mais là ou ça pèche c’est que l’intrigue est complètement déséquilibrée.
L’introduction est particulièrement délayée, elle insiste sur les tenants et aboutissants du concept, sur les objectifs des uns et des autres, ensuite le développement se perd dans les discours et autres débats d’idées et la conclusion arrive en quelques pages pour amener sur un vague résumé qui conclut l’album avec un graphique historique "si vous n’avez pas suivi, voilà ce que le scénario contenait entre les lignes…"

Oui Pax Romana reste un récit très ambitieux, Jonathan Hickman aurait du davantage travailler sa structure narrative et sa lisibilité au lieu de tomber dans une écriture et un traitement graphique à tendance nombriliste. Par certains moments, on pourrait presque retrouver la même approche que des gens comme Bendis, profusion de textes, d’images inexpressives qui se répètent, avec un côté plus esthétisant tout de même. Hisckman aime la PAO et il le montre.

Alors Pax Romana, une œuvre visionnaire ? Pas vraiment, en fin de compte.
Le scénario est vraiment intéressant, mais il laisse l’impression d’être assez mal exploité, se perdant beaucoup trop dans de la démonstration au profit d’une lecture vraiment captivante. Du coup, certes la démarche esthétique d’Hickman amène une sorte de lecture qui peut sembler neuve (idée aussitôt réfutée dès le moment ou on va juste regarder du côté de Stray Toasters, Kabuki etc.), mais rapidement on se rend compte que c’est de l’esbroufe tape à l’oeil !

Donc pour les fans du scénariste, une curiosité pour les autres !

Par FredGri, le 6 février 2014

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