PAYSANS, LE CHAMP DES POSSIBLES

Géographe de formation, Marie-France Barrier est devenue documentariste et son métier l’a conduite autour du monde à la rencontre de différentes peuplades restées très connectées à la nature. Elle aussi revendique depuis très longtemps ce lien intime qu’elle considère avoir avec la nature et l’Arbre, véritable trait d’union entre toutes les formes du vivant, est sa référence vitale.
Chatouillée par le désir de voir si elle pouvait orienter sa vie radicalement en rendant encore plus concret son lien avec la nature, Marie-France s’est un jour inscrite à un stage de 12 semaines pour devenir maraîchère. Malgré son enthousiasme et la sincérité de sa démarche, elle a réalisé, pour différentes raisons, qu’elle n’était finalement pas faite pour ce métier exigeant. Mais sa reconnexion à la terre restait néanmoins un besoin absolu et elle a décidé de servir la nature avec les outils qu’elle maîtrisait : le documentaire.
Dans cette BD où elle apparaît, elle dresse les portraits de paysans qui ont réussi à faire évoluer leur métier en délaissant les exigences de rendement au profit d’approches et de pratiques beaucoup plus respectueuses de la Terre, notre maison à tous.

Par sylvestre, le 15 juillet 2023

Notre avis sur PAYSANS, LE CHAMP DES POSSIBLES

La vie est faire de cycles et l’Homme, parfois, croyant bien faire, s’est acharné avant de reconnaître que ça faisait des dizaines d’années qu’il persistait en réalité dans l’erreur. On pourrait par exemple parler de l’assèchement de la mer d’Aral qui est la conséquence d’une déraisonnable politique d’irrigation à grande échelle en Asie Centrale, mais on pourrait tout aussi bien (pour nettoyer devant notre propre porte) parler de la transformation qu’ont subie les paysages agricoles français à une époque où la « bonne idée » fut de supprimer tout arbre ou toute haie afin bénéficier de parcelles toujours plus grandes pour obtenir des rendements toujours meilleurs.
Sauf que ces transformations ont engendré des tas de problèmes dont on n’a malheureusement pris conscience que bien plus tard : appauvrissement des terres, pollution des sols à cause des produits utilisés, baisse de la qualité des eaux et de l’environnement en général, extinction d’espèces animales et végétales… Or, redresser la barre n’est pas chose facile tant le lobbying d’incontournables (?) industriels réussit encore à imposer ses lois.
Pourtant, le monde change. Petit à petit. Et c’est une bonne chose que certains agriculteurs (sans qui personne ne mangerait plus, rappelons-le) commencent non seulement à élever la voix mais aussi à agir concrètement en apportant la preuve que si on leur a appris à bosser en ne pensant qu’en termes de bénéfices financiers, ils savent aussi se remettre en question et apprendre à travailler autrement, intelligemment ; notamment en respectant la terre et en ne la traitant plus comme une ressource inépuisable.
Dans cette bande dessinée, Céline Gandner et Marie Jaffredo nous font part de l’expérience personnelle de Marie-France Barrier, une documentariste qui a toujours mis au centre de son travail et de ses actions la conviction qu’un monde meilleur serait possible si l’Homme réussissait à reconnaître enfin la véritable place qu’il tient dans la nature. Entre retours d’expériences et carnet de rencontres, on part de ferme en ferme écouter quelques paysans ayant « compris la vie » ; sur le plan technique, mais aussi philosophiquement. Sur 128 pages, on se laisse envahir par les couleurs de la campagne et on reçoit une fois de plus, comme un rappel, ce message tellement évident qui parfois s’exprime avec les mots suivants : « Qui veut voyager loin ménage sa monture. » Sauf que là, la monture, c’est le sol, c’est la terre et tout ce qui la compose. Et les voyageurs, c’est nous.

Par Sylvestre, le 15 juillet 2023

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