Peepshow
(Peepshow 1 à 14)
Joe c’est le genre de gars nombriliste qui ne pense pratiquement qu’au cul, aux filles qu’il croise, à son ex, à la jeune voisine qui vient d’emménager, à cette inconnue croisée au hasard d’une virée pour aller acheter des comics. En parallèle, il collectionne les VHS porno que lui refourgue un de ses potes, passe son "temps libre" à se masturber, à aller boire un coup avec ses potes Chester et Seth qui sont, comme lui, dessinateur de BD. Il leur raconte ses déboires amoureux, ses doutes, il leur décrit la fille avec qui il est allé manger la veille… Joe est maladroit, trop sincère et surtout, assez souvent c’est une vraie tête à claques…
Par fredgri, le 20 septembre 2022
Notre avis sur Peepshow
Déjà parue auparavant, deçi delà, la série Peepshow, de Joe Matt, est aujourd’hui rassemblée dans cette intégrale au Éditions Revival.
C’est ainsi l’occasion de replonger complètement dans cet univers autobiographique assez étrange, dans les pas d’un auteur obsédé et nombriliste qui ne pense qu’au cul, aux comics et encore un peu au cul, quand même !
Il faut toutefois rapidement dépasser ce premier contact ou l’on a principalement envie de lui envoyer des claques, tellement il est désagréable et semble s’en battre magistralement les bonbons. Car, progressivement, on se laisse gagner, non pas par l’hypothétique sympathie du gars, mais le sentiment de glisser dans un univers intérieur ou tout est exprimé, les bons comme les mauvais côtés, sans fard, avec une sincérité désarmante, voir même gênante, parfois !
Car c’est peut-être le plus étonnant dans ce volume, la propension de Matt à se dépeindre comme quelqu’un de fondamentalement asocial et antipathique, sans pratiquement rien de sympathique (ce qui évolue quand même dans le dernier tiers du volume) ! Il n’hésite pas à se montrer lorgnant une gamine de 15/16 ans, à se masturber dans la solitude de sa chambre, à montrer ses caprices hargneux d’ado devant sa mère… La démarche n’accepte aucun compromis, aucune concession, même ne serait-ce que pour lisser un peu les angles, ou pour permettre d’avoir un peu d’empathie pour lui…
Il en résulte une série de scénettes prises "sur le vif", avec une pincée d’humour, de cynisme barré ! Petit à petit, le réel devient fiction, on reste en retrait devant ce personnage à l’honnêteté maladive. Une plongée décalée dans la scène BD alternative des années 90, dans le sillon des autres auteurs canadiens comme Seth, Chester Brown, ou aux States avec Peter Bagge etc. Tout l’intérêt reste dans ce refus du récit, de la profondeur, avec pour seul décor le quotidien dans toute sa banalité et ses travers.
Néanmoins, il ne faut pas oublier que le dessin, même s’il évolue assez radicalement du début à la fin, reste d’une incroyable beauté. Les planches du début sont très très belles, celles de la seconde moitié garde ce charme de la ligne claire, très propres, très maîtrisée. J’ai littéralement craqué pour ce trait !
Alors, oui, c’est vrai, on peut détester ce gars et l’image qu’il donne de lui même, néanmoins, on lit le volume jusqu’au bout, comme fasciné par ce parcours pathétique ou pointe une certaine forme de tristesse résignée…
Vivement recommandé !
Par FredGri, le 20 septembre 2022
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